Alcool : les ados exposés à un fort risque de dépendance

18 septembre 2019

Une consommation régulière d’alcool à l’adolescence serait tout aussi délétère pour la santé que la pratique du binge drinking. Le système de récompense établi dans le cerveau serait affecté, augmentant le risque de dépendance.

La consommation excessive sous forme de binge drinking est néfaste pour la santé et le cerveau des adolescents. C’est un fait validé. Mais qu’en est-il d’une absorption régulière à un très jeune âge ? Pour en savoir plus, l’équipe Inserm d’André Galinowski et Jean-Luc Martinot* a mené un travail auprès de 1 510 jeunes évalués via un questionnaire sur leur consommation d’alcool à 14 ans, puis à 16 ans.

Entre les deux interventions, « 34 adolescents supplémentaires, abstinents à 14 ans, étaient devenus de gros consommateurs à 16 ans », indiquent les auteurs. En parallèle, 128 adolescents témoins, totalement abstinents à 14 et à 16 ans, ont été sélectionnés. Les chercheurs ont en outre analysé des images du cerveau de l’ensemble des participants, obtenues par IRM.

Des anomalies dans le cerveau

Leur constat ? « Ils ont observé des anomalies chez les consommateurs problématiques âgés de 14 ans, absentes chez les témoins », notent les scientifiques. Ces anomalies étaient localisées dans le mésencéphale, une zone du cerveau impliquée dans des fonctions vitales comme le tonus général, la respiration, la fonction cardiaque… Mais ce n’est pas tout. Cette région du cerveau agit également sur d’autres zones contrôlant notamment le système de récompense.

Ce système renforce la motivation à certains comportements. Ainsi, « quand un individu attend une récompense à l’issue d’une action, il sera plus enclin à l’effectuer. Cette récompense peut être matérielle (une somme d’argent), ou biologique avec une libération d’endorphine qui procurera un sentiment de bien-être ». Les adolescents de la cohorte dont la consommation d’alcool était problématique se sont avérés « plus efficaces que les adolescents témoins quand une récompense sous forme de sucreries est promise au terme de l’action demandée », soulignent les auteurs.

« Cela fait craindre une hypersensibilité à l’envie des effets hédoniques de l’alcool, entretenant le cercle vicieux de la dépendance pour se sentir mieux », conclut Jean-Luc Martinot, principal auteur de l’étude.

*unité de recherche Neuroimagerie et psychiatrie 1000 Inserm/Université Paris-Sud, équipe Neuroimagerie et psychiatrie, Gif-sur-Yvette

  • Source : Inserm, 13 septembre 2019

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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