Alcool : les Français passeraient-ils de l’assommoir au plaisir ?

17 novembre 2003

Bonne nouvelle (pour la santé), les Français consomment de moins en moins d’alcool. En 40 ans, la consommation globale de boissons alcoolisées dans notre pays a en effet diminué de… 40% ! Nos concitoyens boivent « mieux », serait-on tenté de dire. Ils semblent davantage rechercher la qualité que la quantité. Seule exception, les jeunes !

Le Français boit aujourd’hui 11 litres d’alcool pur par an, au lieu de 18 litres en 1960 ! Un résultat qui nous place au 4ème rang européen derrière le Luxembourg, l’Irlande et le Portugal. Les Norvégiens se distinguent, avec seulement 4,5 litres d’alcool pur par an et par habitant. Soit presque deux fois moins que la Finlande, qui pourtant figure à l’avant-dernier rang européen.

Globalement, les Européens boivent moins… et mieux. « En France le curseur s’est inversé », explique le Dr Michel Combier, président de l’Union nationale des omnipraticiens français (UNOF). Un syndicat de médecins de famille, au contact de la vraie population… « Autrefois les ouvriers et les paysans buvaient du vin de mauvaise qualité, en grandes quantités. Aujourd’hui cette consommation n’existe quasiment plus. On privilégie la qualité. Et par rapport aux années 60, les bières et les spiritueux font parties de nos habitudes ».

C’est l’usage abusif qui créé la dépendance
En effet en 1960, les Français buvaient 126,9 litres de vin par habitant et par an, contre seulement 58,1 litres en 1999. La consommation de spiritueux a connu elle, une trajectoire inverse, augmentant de 20% au cours de la même période. L’Europe du Sud connaît exactement le même phénomène. Quant aux pays anglo-saxons et nordiques, traditionnellement buveurs de bière et de spiritueux, ils observent une nette hausse de leur consommation de vin.

Si les Français sont devenus raisonnables, et peut-être plus regardants sur la qualité, le Dr Michel Combier s’inquiète en revanche du comportement des jeunes. « Certains boivent jusqu’à l’ivresse. C’est devenu une vraie toxicomanie, aussi dangereuse que les autres ». Autre sujet d’inquiétude, « l’alcoolisme mondain ». Un phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur et touche particulièrement les Français de 40 à 50 ans. « Cocktails, repas professionnels, vous pouvez très bien passer de l’alcoolisme mondain à l’alcoolisme tout court. Dans le reste de la population, j’ai l’impression que l’on boit davantage pour le plaisir. »

Comptez vos verres…
Pour le plaisir ? Oui, l’alcool, c’est un peu comme un bon repas. Il doit être synonyme de fête, de partage, de convivialité. Les amateurs de grands crus, qu’il s’agisse de raisins ou de céréales…, attachent davantage d’intérêt au produit, à son goût, au terroir d’où il provient qu’à l’ivresse qu’il est susceptible de provoquer. Et ces « bons buveurs » ne perdent pas de vue bien sûr, que tout dépend de la dose.

Car la quantité absorbée sera toujours fonction du nombre de verres consommés, que vous ayez bu un vin américain, une bière danoise ou un whisky écossais. « Les gens imaginent que trois bières, cela correspond à un whisky. C’est totalement faux », explique Michel Combier. « Un demi de bière, un ballon de vin, un baby de whisky contiennent exactement la même dose d’alcool. » Les boissons alcoolisées c’est comme le tabac. Comme tous les produits qui peuvent être à l’origine d’une addiction. « C’est l’usage abusif qui créé la dépendance et va poser inévitablement des problèmes de santé ». La quantité raisonnable selon le Dr Combier, « c’est un verre par repas, qu’il s’agisse de vins ou de spiritueux avant de se mettre à table. Mais le message essentiel, c’est de faire comprendre qu’il est possible d’avoir un comportement responsable par rapport à l’alcool ».

Une responsabilité qui commence à bien faire son chemin parmi les jeunes. Dans sa pratique, Michel Combier voit de plus en plus de patients soucieux de limiter leur consommation. Le motif : le risque d’accidents de la route. Ou quand « l’effet Sarko » permet de redécouvrir les plaisirs de consommer l’alcool en quantités raisonnables…

  • Source : American Heart Association, 12 novembre 2003

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