Alcool : les mauvais chiffres de la France
04 mars 2013
L’alcool est à l’origine de 13% de la mortalité masculine en France. ©Phovoir
Selon un travail de l’Institut Gustave Roussy à Villejuif, la consommation d’alcool a été responsable de 49 000 décès en 2009, en France. Avec 36 500 décès contre 12 500 chez les femmes, les hommes paient le plus lourd tribu à cette addiction.
Les Français de 15 ans et plus consomment en moyenne, 27 grammes d’alcool pur par jour ! « Les Français boivent beaucoup trop », déplore donc Catherine Hill, épidémiologiste à l’IGR et auteur de ce travail. « Ils consomment près de trois verres, par jour, chaque verre équivalant à 10 cl de vin à 12,5°, 25 cl de bière à 5° ou 3 cl d’alcool à 40° (whisky, pastis, gin, rhum) ».
Dans notre pays, l’alcool est responsable de 22 % des décès qui surviennent entre 15 et 34 ans, 18 % entre 35 et 64 ans et 7 % à partir de 65 ans. Sur les 49 000 morts recensées en 2009, 15 000 étaient liées à un cancer et 12 000 à une maladie cardiovasculaire. Les unes et les autres provoquées par l’alcool. A cela, il convient d’ajouter 8 000 morts par maladies digestives (cirrhoses) et autant de décès liés à des accidents ou des suicides. Sans oublier ceux qui sont provoqués par d’autres maladies, et notamment les troubles mentaux.
« Comparée aux autres pays européens, la France est en mauvaise position », explique Catherine Hill. La part des décès attribuables à l’alcool parmi les hommes (13 %) est ainsi bien supérieure en France à celle qui est observée dans d’autres pays comme par exemple la Suisse (5 %), l’Italie (3 %) et le Danemark (1 %). « En France, on croit que l’alcool est le problème d’une petite minorité. Or ce n’est pas le cas si l’on regarde bien les chiffres », souligne Catherine Hill. « Selon une étude britannique, la consommation optimale est de 0,5 verre par jour, c’est dire si les Français sont loin du compte ».
Une prise en charge bientôt élargie
Aujourd’hui les médicaments permettant de traiter la dépendance à l’alcool sont peu nombreux. Différents traitements sont disponibles. Certains aident à éviter les rechutes (Acamprosate, Naltrexone), d’autres comme le disulfirame, rendent la consommation d’alcool très désagréable. Le baclofène qui n’a toujours pas reçu son autorisation de mise sur le marché (AMM) dans cette indication, fait actuellement l’objet de plusieurs études cliniques.
Dans ce désert thérapeutique, l’AMM européenne d’un nouveau traitement, le nalmefene (Selincro®), est ressentie comme une bonne nouvelle par les acteurs de la lutte contre la dépendance alcoolique. Ce modulateur des récepteurs aux opioïdes agit sur la structure cérébrale de récompense, laquelle se trouve dérégulée chez les alcoolo-dépendants. Il réduirait ainsi les effets délétères de l’alcool sur ce mécanisme de régulation, et diminuerait l’envie irrépressible de boire. Trait remarquable, il autoriserait des résultats intéressants dans le temps et surtout, une forme de « rééducation » du comportement face à l’aclcool. Ainsi la consommation des patients traités aurait-elle diminué de près de 60% après 6 mois de traitement. Un autre médicament est également dans sa dernière phase de tests, l’oxybate de sodium, ou Alcover®.
Un plan européen d’envergure
Par ailleurs, signalons que les 53 États membres de la Région européenne de l’OMS ont adopté un plan d’action contre l’alcoolisme pour la période 2012-2020. Ce dernier vise à développer des politiques communes sur la réglementation du prix de l’alcool, la lutte contre l’alcool au volant et les restrictions en termes de marketing.
Ecrit par : Emmanuel Ducreuzet – Edité par : Marc Gombeaud
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Source : Communiqué de presse Lundbeck, 27 février 2013 – OMS Europe – Interview de Catherine Hill, European Journal of Public Health, 4 mars 2013