Alcoolisme : la voie génétique…
02 juillet 2001
Pourquoi la sensibilité à l’alcool diffère-t-elle d’un individu à un autre ? Encore une question dont la réponse se trouve au fond de nos gènes…
Boris Tobakoff, Shelli Kirstein et Richard Dietrich, tous trois pharmacologues à l’Université de Colorado, ont acquis la certitude que ces derniers interviennent dans le métabolisme d’un messager neurochimique bien connu, l’AMP cyclique (AMPc). Lequel a pu être associé à une hypersensibilité à l’alcool, voire à l’apparition d’un état alcoolique…
Pour Shelli Kirstein, l’alcoolisme peut avoir deux origines. Soit que le sujet, apparemment peu sensible à l’alcool, « boive davantage parce que son cerveau ne lui adresse aucun signal d’intoxication. » Soit au contraire qu’il développe une accoutumance à l’alcool. Ainsi certains vont-ils devenir alcooliques « parce qu’ils supportent des doses plus élevées. Mais aucun de ces deux cas de figure n’avait jamais été relié à une cause génétique ».
Les trois chercheurs assimilent le rôle fonctionnel de l’AMPc à celui d’un… « contrôleur aérien » ! Tout comme ce dernier dirige les mouvements aériens, l’AMPc indique au cerveau comment fonctionner dans telle ou telle situation. Or l’alcool affecte ce dernier. Lequel peut se mettre à agir tel un radar défectueux, incapable de donner des indications cohérentes. Si dans un cas l’aéroport doit fermer, dans l’autre l’individu, lui, ne maîtrisera plus ses mouvements ni son élocution…
Ce travail a démontré l’existence de relations entre différents facteurs génétiques et le risque d’intoxication. D’abord en regard de l’accoutumance à l’alcool. Mais aussi dans la capacité de l’AMPc à transmettre aux structures cérébrales un signal d’intoxication potentielle. Au moins deux pistes nouvelles à explorer.