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En matière de nutrition, les premières années de vies sont cruciales. Les bonnes habitudes alimentaires se construisent dès le plus jeune âge et ont tendance à perdurer. Par ailleurs, des carences nutritionnelles durant cette période peuvent avoir des répercussions sur la croissance, le développement cognitif et la santé future de l’enfant. Pour autant, à la lecture de la dernière étude Nutri-Bébé, les Français ne semblent pas en prendre la pleine mesure.
La diversification alimentaire constitue une étape clé pour l’introduction de nouveaux goûts et textures. La fenêtre recommandée pour débuter cette diversification doit être comprise entre l’âge de 4 et 6 mois. Elle est en effet essentielle pour l’acceptation future des aliments ou même le risque allergique. Pourtant, environ 10 % des enfants seraient encore diversifiés en dehors de la fenêtre.
L’un des résultats les plus préoccupants concerne les apports en matières grasses : plus de 66 % des enfants de 6 mois à 3 ans en consomment insuffisamment au regard des recommandations de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).
Probalemnet parce que dans l’inconscient collectif, ces matières grasses sont nécessairement des ennemis. Mais contrairement aux idées reçues, les jeunes enfants ont besoin de davantage de lipides que les adultes pour leur développement, notamment cérébral. Or moins de 5% des parents déclarent ajouter des matières grasses dans les plats de leur enfant.
Le Syndicat Français des Aliments de l’Enfance (SFAE) qui a commandité cette étude insiste sur l’importance d’ajouter systématiquement un filet d’huile de qualité (colza, noix ou huile spécifique bébé) ou occasionnellement une noix de beurre doux pasteurisé dans tous les plats.
Autre sujet d’inquiétude : la consommation de fruits et légumes. Celle-ci chute dramatiquement après le premier anniversaire. Plus d’un enfant sur cinq ne consomme pas de fruits quotidiennement après 1 an, et le constat est identique pour les légumes, qu’ils soient frais ou cuits.
Faut-il y voir un effet de mimétisme ? Cette période correspond souvent au moment où l’enfant commence à manger à table avec ses parents et à s’aligner sur les habitudes familiales. En clair, si les adultes ne consomment pas suffisamment de fruits et légumes, les tout-petits adopteront naturellement les mêmes comportements.
L’étude révèle également que l’ajout de sel dans l’alimentation des enfants augmente avec l’âge : de 5 % au début de la diversification, cette pratique concerne jusqu’à 70 % des parents d’enfants de 2-3 ans, malgré les recommandations officielles qui préconisent d’en limiter, voire d’éviter tout ajout.
L’étude livre tout de même quelques bonnes nouvelles, notamment la progression du fait-maison. Les plats cuisinés à la maison ont augmenté de 7 % par rapport à l’édition précédente de l’étude. Toutefois, cette évolution s’accompagne parfois d’erreurs nutritionnelles, comme l’augmentation des frites maison (+6 %) et la diminution des légumes cuisinés (-4 %).
Pour accompagner les parents dans cette démarche, le SFAE rappelle quelques principes essentiels pour offrir aux tout-petits une alimentation adaptée à leurs besoins spécifiques :

Source : Secteur Français des Aliments de l’Enfance en collaboration avec IPSOS et le CREDOC. Étude Nutri-Bébé : Enquête sur les pratiques alimentaires et apports nutritionnels des bébés français de moins de 3 ans. 2022.

Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Hélène Joubert