Alimentation : la France devient nutrivigilante…
09 décembre 2010
L’Agence nationale de Sécurité sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (Anses) annonce le lancement d’un dispositif de vigilance sur les compléments alimentaires, les aliments ou boissons enrichis. Ce dispositif concerne donc désormais, ce que les spécialistes regroupent sous le vocable de ‘novel food’. L’objectif: améliorer la sécurité du consommateur.
Les Français (et surtout les Françaises) consomment de plus en plus de compléments alimentaires. Des aliments ou des boissons toujours plus nombreux sont enrichis – avec des vitamines, des minéraux, des extraits de plantes…- et certains sont proposés à des populations particulières : les sportifs, les nourrissons, les intolérants alimentaires sont ainsi devenus autant de « cibles » pour les marketteurs de tout poil. Autre tendance nouvelle : l’émergence de nouveaux aliments ou de nouveaux ingrédients sur le marché européen. Ces ‘novel food’ – extrait d’écorce de magnolia, gomme de guar, jus de noni, gamma-cyclodextrine, pulpe déshydratée de fruit de baobab…- étaient encore inconnus il y a peu. « Pour veiller à la sécurité des consommateurs, l’Anses vient de lancer un dispositif de veille des effets indésirables potentiellement provoqués par ces aliments et compléments » explique Marc Mortureux, le directeur général de l’Agence.
Le professionnel de santé au coeur du dispositif
Les professionnels de santé – médecins, pharmaciens, diététiciens – peuvent désormais signaler les effets indésirables qu’ils observent, et leurs liens éventuels ou potentiels avec un de ces ‘aliments’. Le signalement se fait en direct, sur le site de l’Anses. « En fonction des informations transmises, après qu’elles aient été analysées par un comité technique et discutées avec l’industriel concerné, (et s’il s’avère) qu’un effet indésirable peut être lié à telle boisson enrichie ou tel complément alimentaire, un avis sera rendu public » indique le Pr Marie Favrot, conseillère santé de l’Anses.
Phase pilote
Depuis septembre 2009, ce dispositif de surveillance faisait l’objet d’une phase pilote limitée aux compléments alimentaires. Les signalements avaient permis de déceler deux problèmes particuliers:
– Le risque de confusion entre le médicament Previscan® – un anticoagulant majeur et largement prescrit à des personnes âgées pour l’essentiel – et le complément alimentaire Preservision®. « Nous avons attiré l’attention des pharmaciens et médecins sur ce sujet, les médecins étant par exemple appelés à notifier clairement sur l’ordonnance quand ils prescrivaient le complément alimentaire » indique le Pr Favrot;
– la consommation d’extraits alcooliques d’igname: « Certains extraits ont montré une toxicité hépatique, et nous avons demandé aux industriels de veiller à la caractérisation de cette plante, certaines étant toxiques et d’autres non ».
« Ce dispositif a vocation à s’installer dans la durée. Nous souhaitons sensibiliser les professionnels de santé à la question, afin qu’ils pensent à interroger leurs patients sur leurs habitudes alimentaires » a conclu Marie Favrot.
Pour aller plus loin :
– Lire l’avis relatif à la sécurité d’emploi d’extraits alcooliques d’igname (Dioscorea) dans les compléments alimentaires ;
– Accéder au bilan de la phase pilote sur la vigilance sur les compléments alimentaires;
– Voir la présentation du dispositif national de nutrivigilance.