Alzheimer : les thérapies non-médicamenteuses à l’ordre du jour ?
21 septembre 2018
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Cet été, le déremboursement des 4 molécules prescrites dans la prise en charge de la maladie d’Alzheimer a fait couler beaucoup d’encre. Les thérapies non-médicamenteuses vont-elles en contrepartie être valorisées ? Le point à l’occasion de la journée mondiale d’Alzheimer organisée ce 21 septembre.
Depuis le 1er août 2018, le déremboursement des 4 molécules prescrites (Aricept, Ebixa, Exelon, Reminyl) contre la maladie d’Alzheimer a fait grand bruit. Pour les associations de patients, cette mesure prise par le ministère de la Santé laisse à l’abandon des malades qui n’ont d’autres choix que de payer leur traitement de leur poche. D’autres médicaments tels que les antipsychotiques et les anxiolytiques restent remboursés. Cette décision corrobore l’avis de la Haute autorité de Santé (HAS). En octobre 2016, cette dernière confirmait en effet « un service médical rendu faible ».
Pour Agnès Buzyn, l’idée est de « compenser cette non prise en charge en misant sur les thérapies non médicamenteuses », nous rappelle Dr Thierry Bautrant, médecin psychiatre spécialisé en gérontopsychiatrie*.
En ce sens, « le déremboursement n’est pas forcément une mauvaise nouvelle. Je n’ai rien contre les médicaments, mais il faut quand même prendre en compte leurs effets indésirables ». L’Aricept, l’Ebixa, l’Exelon et le Reminyl entraînent « un effet toxique sur le cœur et sur le système gastro-intestinal ».
Réminiscence, réorientation…
« On associe trop souvent la maladie d’Alzheimer à la perte de la mémoire. Mais le plus problématique dans la vie de tous les jours, ce sont les troubles du comportement. » Autant d’épisodes délirants ou d’état psychotique contre lesquels agissent justement les thérapies non-médicamenteuses.
Ces approches consistent à « se mettre en lien avec les souvenirs du patient. En se connectant à son histoire, à son métier, il est possible de favoriser ses capacités cognitives et motrices. Et de diminuer l’opposition aux soins ». Les séances sont axées sur les facultés sensorielles, sonores, tactiles mais aussi sur les repères dans l’espace. Les espaces Snoezelen (pièce baignée de lumière stimulante) et les activités de médiation animale en sont de parfaits exemples. Chez les patients, « la mémoire implicite, souvent préservée, est très sensible à la répétition ». D’où la mise en place de programmes structurés dans le temps pour les malades.
Pour autant, il faut savoir que « les thérapies médicamenteuses n’agiront pas plus que les médicaments sur le déclin cognitif ». Elles pourront ralentir l’évolution de la dégénérescence chez les patients sans effet indésirable. D’autant plus si elles sont personnalisées et adaptées au profil de chaque patient comme le prouvent les résultats de l’étude ETNA 3.
« En France, des études sérieusement menées manquent encore pour appuyer les bénéfices de cette approche. » La mise en place de ces thérapies nécessite aussi des ressources humaines (aide médico-psychologique, assistante de soins en gériatrie, psychomotricien, ergothérapeute).
* directeur de l’Etablissement d’hébergement pour personnes âgées et dépendantes (EHPAD) « Le domaine de la source » près de Marseille, président de l’association des aidants à domicile “A3”.
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Source : Interview du Dr Thierry Bautrant, médecin psychiatre spécialisé en gérontopsychiatrie, directeur de l’Etablissement d’hébergement pour personnes âgées et dépendantes (EHPAD) « Le domaine de la source » près de Marseille, président de l’association des aidants à domicile "A3".
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Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet