Améliorer la prévention du cancer du col de l’utérus
15 novembre 2010
La Haute Autorité de Santé (HAS) recommande un dépistage organisé au niveau national du cancer du col de l’utérus. « Ce dernier n’est ni le plus fréquent ni le plus mortel, mais il peut être facilement prévenu en traitant les lésions précancéreuses, détectables par frottis », explique le Dr Cédric Grouchka, membre du collège de la HAS. « Nous ne pouvons pas laisser les femmes de 25 à 65 ans passer à côté du bénéfice du dépistage. »
Le cancer du col tue en effet 1 000 femmes, souvent jeunes, chaque année en France. Un frottis cervico-utérin (FCU) tous les trois ans, chez toutes les femmes de 25 à 65 ans, permet de dépister et donc de traiter précocement des lésions avant qu’elles ne deviennent cancéreuses. « Mais le socle de dépistage stagne à 57% » s’inquiète le Dr Grouchka. La HAS recommande donc aux pouvoirs publics un dépistage organisé au niveau national, pour faire grimper ce chiffre à 80%.
Importance du médecin généraliste
« Il faut continuer de s’appuyer sur les acteurs existants : gynécologues et obstétriciens, médecins généralistes et sage-femmes (la grossesse constituant un moment privilégié pour le contact avec le système de soins) » indique Stéphanie Barré, chef du projet de ces recommandations à la HAS. « Les médecins généralistes doivent avoir un rôle central: ils incitent au dépistage, réalisent le frottis ou orientent les patientes vers un gynécologue ou un laboratoire, et s’assurent de la bonne prise en charge en cas de résultats anormaux. »
Réduire les inégalités
Des actions spécifiques doivent être menées à destination des plus précaires, souvent hors du système de soins, et aux femmes de plus de 50 ans, qui ne consultent plus leur gynécologue. Des courriers de proposition de dépistage doivent être envoyés à celles qui n’ont pas fait de frottis depuis 3 ans (comme dans la prévention du cancer du sein ou du cancer colorectal). La HAS préconise aussi des actions communautaires de sensibilisation au dépistage, par un soutien des associations de terrain.
Ni trop ni pas assez
« Un frottis tous les trois ans est la règle, mais il ne faut pas oublier aussi le simple examen gynécologique et mammaire chaque année » rappelle le Dr Brigitte Letombe, présidente de la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale. Par ailleurs, il ne faut pas tomber dans l’excès inverse : « en faisant plus de frottis que nécessaire, on augmente le risque de faux positifs, et donc celui de traiter inutilement des femmes qui ne le nécessitent pas » indique aussi le Pr Jean-Jacques Baldauf, gynécologue obstétricien au CHRU de Strasbourg et membre du groupe de travail des recommandations.