Anévrisme de l’aorte abdominale : l’urgence du dépistage
28 juin 2016
Bright097/shutterstock.com
Quel est le point commun entre Albert Einstein et le Général de Gaulle ? L’un et l’autre ont été emportés par une rupture d’anévrisme de l’aorte abdominale. Un tueur silencieux puisqu’il est généralement asymptomatique. A l’occasion du XXXIe Congrès de la Société de Chirurgie Vasculaire et Endovasculaire de Langue Française organisé du 24 au 27 juin à Grenoble, les spécialistes ont rappelé l’importance d’un dépistage précoce.
L’anévrisme de l’aorte abdominale (ou AAA) se caractérise par une dilatation de la plus grosse artère du corps. Un mécanisme lié à une raréfaction des fibres élastiques dans la paroi de l’artère. Après 60 ans, la prévalence de l’AAA est de 4% à 8% chez l’homme et de 1% à 3% chez la femme. Notons que les taux sont trois fois plus élevés en cas de facteurs de risques cardiovasculaires associés (tabac, hypertension artérielle) ou d’antécédents familiaux.
L’AAA constitue l’une des maladies les plus graves prises en charge par les chirurgiens vasculaires. En effet, plus l’anévrisme se dilate, plus il est susceptible de se rompre. Le risque de mortalité est alors conséquent : 80 % des patients décèdent avant hospitalisation ou en périopératoire. Un dépistage efficace permettrait pourtant de réduire ce taux à… 3% !
Encourager le contrôle
« La gravité de cette maladie, l’absence fréquente de symptômes ressentis par le patient, la proportion encore trop importante d’anévrismes opérés en rupture…toute cela justifie de continuer à alerter l’opinion et nos confrères généralistes sur le dépistage par échographie (non obligatoire mais remboursé) des personnes à risque », souligne le Pr Jean-Luc Magne, Président 2016 de la Société de Chirurgie Vasculaire et Endovasculaire de Langue Française et chef du service de chirurgie vasculaire au CHU de Grenoble.
En effet, lorsqu’un anévrisme est dépisté à froid, une surveillance et un contrôle des facteurs de risque (tabac, hyper-cholestérolémie, hypertension) suffisent. Si l’anévrisme dépasse 5 cm de diamètre ou qu’il grossit de plus d’1 cm par an, un traitement (soit endovasculaire, soit chirurgical) est alors proposé. « Ce dernier dépend des critères morphologiques de l’anévrisme et de critères médicaux liés à l’âge et à l’état de santé du patient », précise le Pr Magne.
Précisons que le taux de mortalité post opératoire est en moyenne de 4% à 5% pour la chirurgie conventionnelle et de 1% à 2% pour le traitement endovasculaire. Contre 80% donc si l’anévrisme n’est pas en charge à temps ! Pour en savoir plus n’hésitez pas à interroger votre médecin traitant.
-
Source : Société de Chirurgie Vasculaire et Endovasculaire de Langue Française, juin 2016
-
Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet