Cru, cuit, en capsules… Pourquoi manger le placenta n’est pas une bonne idée

08 août 2025

Le DJ Calvin Harris vient d’annoncer la naissance de son fil sur Instagram. Dans cette publication Instagram, il a également fait comprendre à ses abonnés que le placenta de sa femme avait été encapsulé afin de le consommer, déshydraté.

Le 4 août, le DJ et producteur britannique Calvin Harris publiait sur Instagram des photos annonçant la naissance de son fils. On le voit avec son nouveau-né, la maman Vick Hope dans une piscine et, aussi, en gros plan, le placenta. Que l’on revoit découpé en morceaux et disposé dans ce qui ressemble à un autocuiseur. La dernière photo de la série montre une boite remplie de capsule, le placenta aurait donc été encapsulé. Avant, imagine-t-on, d’être consommé.

L’ingestion du placenta a été popularisée par plusieurs stars, notamment Kim Kardashian dès 2015. « À chaque fois que je prends un comprimé, je ressens un regain d’énergie et je me sens vraiment en bonne santé, bien dans ma peau. Je le recommande vivement à tous ceux qui envisagent d’essayer ! », écrivait-elle alors sur son blog.


C’est quoi le placenta ?

Le placenta est un organe temporaire qui se forme dès la semaine qui suit la fécondation. Implanté dans la paroi de l’utérus, il est relié au fœtus par le cordon ombilical. « Pendant neuf mois, il assure de multiples fonctions indispensables au développement d’un fœtus : approvisionnement en oxygène et en nutriments, évacuation des « déchets » (comme le dioxyde de carbone issu de la respiration et les déchets métaboliques), protection contre des pathogènes, certaines substances toxiques ou encore le système immunitaire maternel (pour lequel le fœtus est un intrus !). Il conduit en outre à la production d’hormones et d’autres facteurs nécessaires à la naissance d’un enfant en bonne santé », détaille l’Inserm.

Le placenta est ce gigantesque réseau d’échanges (plusieurs dizaines de kilomètres de vaisseaux sanguins), qui doit être expulsé après l’accouchement. Et certains préconisent alors de le consommer, c’est la placentophagie, qui connaît un intérêt croissant ces dernières années, notamment aux Etats-Unis.

La placentophagie présente-t-elle un intérêt ?

Pour les placentophages, le placenta peut se manger cru, cuit, rôti, en smoothie, ou en capsule. L’encapsulation, après cuisson au cuit-vapeur et déshydratation, apparaît comme la technique la plus populaire. Pour quels intérêts ?  Les adeptes de cette pratique soutiennent que le placenta est bourré d’hormones, de vitamines et de nutriments bénéfiques. Le fait qu’une grande majorité de mammifères le consomme constitue, pour eux, un argument supplémentaire. Consommer du placenta humain préviendrait la dépression post-partum, améliorerait le taux de fer, l’énergie, la production de lait. Et permettrait un renforcement des liens entre la mère et l’enfant.

Si des enquêtes et témoignages rapportent les bénéfices de la consommation de placenta, aucune étude sérieuse ne va dans ce sens. « Nous avons constaté qu’il n’existe aucune preuve scientifique d’un quelconque bénéfice clinique de la placentophagie chez l’humain, et qu’aucun nutriment ni aucune hormone placentaire n’est conservé en quantité suffisante après l’encapsulation placentaire pour être potentiellement utile à la mère après l’accouchement », conclut une étude publiée en 2018 dans le American Journal of Obstetrics and Gynecology.

Pas de preuve de bénéfices mais de risques puisque l’encapsulation ne permet pas d’éliminer le risque d’infection, pour la femme et le nouveau-né selon cette même étude. Un nourrisson a été hospitalisé dans l’Oregon en septembre 2016 pour une infection causée par les gélules de placenta contaminées aux streptocoques B, que sa mère avait ingérés alors qu’elle allaitait. Les Centres de prévention et de contrôle des maladies américains (CDC) avaient alors recommandé d’éviter la consommation de capsules de placenta, l’encapsulation n’étant pas adéquate pour tuer toute trace de contamination bactérienne ou virale.

Que dit la législation française ?

En France, lorsqu’il n’est pas utilisé à des fin thérapeutiques et scientifiques, le placenta entre dans la catégorie des déchets d’activités de soins à risque infectieux (DASRI) conformément à l’article R.1335-1 du Code de santé publique. Il s’agit de l’ensemble des déchets issus des activités de diagnostic, de suivi et de traitement préventif, curatif ou palliatif, dans les domaines de la médecine humaine et vétérinaire. Les deux seules modalités d’élimination de ces déchets sont l’incinération ou le prétraitement par désinfection, avant d’être traités comme des déchets communs.

Le placenta n’appartient ni à la mère, ni au père, ni à l’enfant. Selon l’article 16-1 du Code civil, « le corps humain, ses éléments et ses produits ne peuvent faire l’objet d’un droit patrimonial ».

En 2012, alors que des sociétés à but commercial approchaient des femmes pour obtenir leur placenta ou cordon ombilical, la France a émis une circulaire interdisant « aux parturientes de récupérer leur placenta après leur accouchement ou de confier le placenta et/ou le cordon à des organismes qui ne sont pas autorisés à les préparer, les conserver et les distribuer sous quelque forme que ce soit (médicament ou produit cellulaire) ».

Destination Santé
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