Anxiété et dépression : l’impact des confinements sur les travailleurs
25 novembre 2021
Les effets néfastes des divers confinements sur la santé mentale commencent à être bien connus. Une nouvelle étude de Santé publique France vient ajouter des éléments plus précis sur l’impact de ces mesures de distanciation chez les travailleurs en particulier.
Depuis le 17 mars 2020, date du premier confinement, plusieurs mesures de distanciation sociale ont été mises en place pour limiter la propagation du SARS-CoV-2. Parmi elles, des couvre-feux, du télétravail, du chômage partiel… Mais quel est l’impact de ces changements successifs sur la santé mentale des travailleurs ? Santé publique France publie les résultats d’un travail* mené auprès de cette population entre le 23 mars et le 16 décembre 2020. Le but ? Identifier les sous-groupes les plus touchés par des épisodes d’anxiété et/ou de dépression afin d’élaborer des interventions ciblées.
Arrêt de travail, chômage partiel et télétravail
Les mesures successives ont affecté les conditions de travail à des degrés variables, en fonction des conditions de travail, du métier et de la situation personnelle notamment.
Ainsi, « travailler in situ était associé à un plus faible risque de présenter un état dépressif par rapport au fait de travailler à domicile, d’être en chômage partiel ou en arrêt de travail. » Dans le détail, lors du premier confinement, la prévalence des états dépressifs était plus faible parmi les personnes qui ont continué leur activité sur site (16,9%) ou en télétravail (18,0%) que parmi les personnes au chômage partiel (21,7%) ou en arrêt de travail (24,3%).
Et sans surprise, la prévalence des troubles a suivi de près l’évolution des renforcements ou des assouplissements des mesures restrictives. Ainsi, la prévalence des états anxieux évaluée à 30,5% lors de la vague 1 a connu une baisse significative jusqu’à la vague 3 (14 au 16 avril). Ensuite, elle a conservé des niveaux stables, mais relativement élevés. Concernant la dépression, la prévalence était de 20,9% en vague 2 pour connaître ensuite « une baisse significative avec la période du déconfinement avant de ré-augmenter de façon significative en octobre aux alentours du second confinement ».
Des secteurs professionnels à risque
Mais tous les travailleurs ne sont pas égaux face au risque de développer un trouble de ce type. L’étude révèle que ce risque d’un état anxieux est plus élevé « parmi les travailleurs des secteurs des activités financières et assurances, et des arts, spectacles et activités récréatives ». Concernant l’état dépressif, le risque est plus grand « parmi les travailleurs de l’enseignement et plus faible parmi les travailleurs du secteur de la santé humaine et de l’action sociale ».
Autres catégories particulièrement exposées : « les femmes, les personnes âgées de moins de 50 ans, les employés, les personnes les moins diplômées. » En affinant encore davantage les facteurs de risque, les auteurs notent que « celles qui vivaient dans un logement exigu, percevant leur situation financière comme étant juste ou difficile, ou ayant déjà eu un suivi pour des problèmes d’ordre psychologique avant mars 2020 » étaient aussi plus à risque.
*un échantillon indépendant de 2 000 personnes âgées de 18 ans et plus résidant en France métropolitaine a été interrogé par Internet