Après l’orgasme, des hommes en état de… syndrome grippal

15 décembre 2017

Après l’éjaculation, certains hommes souffrent de symptômes grippaux. Le signe, semble-t-il, d’une allergie à leur propre sperme. Des solutions permettent-elles de calmer ce problème ? Les précisions du Dr Gilbert Bou-Jaoudé, médecin sexologue à Lille.

Découvert en 2002, le syndrome de malaise post-éjaculatoire* se traduit chez les hommes par l’apparition de différents symptômes (fatigue extrême, nez qui coule, faiblesse musculaire, fièvre et transpiration) après l’éjaculation. Des dommages collatéraux comme une irritabilité, une tristesse anormale, des troubles de l’humeur, de la mémoire et de la concentration sont aussi rapportés. « Les symptômes surviennent en moyenne quelques secondes, minutes ou heures après le rapport sexuel, le plus souvent dans la demi-heure ou l’heure. Et peuvent durer entre 2 et 7 jours ».

Avant 2002, « ce syndrome était mis sur le compte d’une fragilité psychologique voire une dépression ». Autre hypothèse, « l’impact de la décharge hormonale liée à l’orgasme. Mais désormais, la piste la plus probable est celle de l’allergie tant les symptômes sont typiques », explique le Dr Gilbert Bou-Jaoudé, médecin sexologue à Lille.

L’éjaculation, déclencheur des symptômes

En effet, des scientifiques néerlandais, pionniers sur le sujet, ont effectué des injections cutanées à 33 volontaires contenant leur propre semence. « Une tache inflammatoire a été repérée sur le site de l’injection. Preuve de l’origine allergique. » Et « 87% des hommes ont développé un syndrome grippal post-coïtal dans les 30 minutes après éjaculation ». Preuve que l’éjaculation est le mécanisme déclencheur de l’allergie. Ces hommes ont aussi accepté de se masturber pendant 3 mois sans aller jusqu’à l’éjaculation. Chez les volontaires exposés au risque de syndrome grippal post-coïtale, aucun n’a ressenti de symptômes. Encore la preuve que l’éjaculation est l’élément déclencheur du syndrome.

Surtout les hommes de 20 à 40 ans ?

Qui sont les plus touchés ? « En consultation nous voyons plus d’hommes âgés de 20 à 40 ans », témoigne le Dr Bou-Jaoudé. « Ce qui ne veut pas dire que les autres générations ne sont pas touchées. Simplement il s’agit de la période de la vie sexuelle active au cours de laquelle ce syndrome peut poser le plus problème ». Sans compter que « beaucoup d’hommes ne consultent pas de sexologue pour faire part de leurs symptômes. Soit parce qu’ils ne font pas le lien avec l’éjaculation, soit parce qu’ils n’assument pas de venir parler de leur gêne lors d’un rapport sexuel ».

Des traitements efficaces ?

Ce symptôme peut représenter une réelle gêne au point que l’appréhension des symptômes peut pousser l’homme à diminuer la fréquence de ces rapports sexuels. Aujourd’hui, le risque d’allergie peut heureusement être diminué « par la prise d’antihistaminiques ». Le seul inconvénient étant de « devoir anticiper chaque rapport sexuel pour prendre le médicament 2 à 3 heures avant. Certains hommes choisissent d’ailleurs de prendre leur antihistaminique en permanence ».

Et si « la fragilité psychologique (troubles de l’humeur, anxiété…) prend de l’ampleur, les hommes peuvent aussi bénéficier de petites doses d’antidépresseurs ». Enfin, des travaux sont aujourd’hui en cours pour « tester l’efficacité de la désensibilisation au sperme par injection intradermique ».

*Postorgasmic Illness Syndrome, POIS

  • Source : Interview du Dr Gilbert Bou-Jaoudé, médecin sexologue à Lille

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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