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En France, plus de 22 000 personnes sont actuellement suivies pour des soins de transition. Un chiffre en constante augmentation. Pourtant, l’accès à des soins adaptés reste très inégal selon les régions, laissant de nombreuses personnes trans dans une situation précaire.
Les conséquences de cette inégalité d’accès sont lourdes : renoncement aux soins, automédication dangereuse, risques de dépression et d’anxiété pouvant aller jusqu’au suicide. Une étude récente révèle qu’une personne trans sur cinq souffre de dépression. S’ajoutent à ces difficultés sanitaires les discriminations quotidiennes qui exposent cette population à un surrisque de violences.
Depuis 2018, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ne considère plus « l’incongruence de genre » – c’est-à-dire l’inadéquation entre le genre assigné à la naissance et l’identité de genre ressentie – comme un trouble mental. Cette reclassification dans les « affections liées à la santé sexuelle » marque une rupture importante avec une approche pathologisante qui perdurait depuis des décennies.
Les nouvelles recommandations de la HAS s’inscrivent dans cette logique en prônant une approche respectueuse de l’autodétermination. « L’identité de genre ne doit pas faire l’objet d’une évaluation psychiatrique spécifique », précise clairement l’autorité sanitaire.
Au cœur des recommandations figure le principe de personnalisation des soins. Chaque parcours de transition étant unique, la HAS préconise d’adapter l’accompagnement aux besoins spécifiques de chaque personne, en respectant son rythme et ses choix.
L’accueil constitue un élément fondamental : utiliser le prénom et les pronoms demandés, éviter tout jugement ou idée préconçue sur l’identité de genre de la personne. Ces gestes simples mais essentiels contribuent à créer un climat de confiance indispensable à une prise en charge de qualité.
Innovation majeure de ces recommandations : le médecin généraliste est placé au cœur du parcours de soins. Il peut désormais accueillir toute demande, coordonner la prise en charge et même, s’il est formé, prescrire les traitements hormonaux d’affirmation de genre.
Cette approche vise à désengorger les consultations spécialisées souvent saturées et à rapprocher les soins du domicile des patients. Elle nécessitera toutefois un effort important de formation des praticiens de premier recours.
Concernant les traitements hormonaux, la HAS recommande une évaluation personnalisée des bénéfices et des risques, en recherchant notamment les facteurs de risque cardiovasculaires ou oncologiques. L’objectif n’est pas de freiner l’accès aux soins mais de les sécuriser.
Pour la chirurgie, l’accent est mis sur l’information préopératoire : modalités chirurgicales, risques à court et moyen terme, caractère irréversible de certaines interventions. Un délai de réflexion est prévu pour permettre un consentement véritablement éclairé.
La HAS ne cache pas les obstacles à surmonter pour une mise en œuvre efficace de ces recommandations. La formation des professionnels, tant initiale que continue, devra être renforcée. L’organisation territoriale des soins nécessitera également des ajustements pour garantir un accès équitable sur tout le territoire.
Question particulièrement sensible, la prise en charge des personnes trans mineures fera l’objet de recommandations séparées. La HAS a choisi d’aborder cette problématique spécifiquement, reconnaissant la complexité particulière de ces situations. Les travaux débuteront début 2026, après un nécessaire travail de documentation et de consultation.
Source : HAS
Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet