Arts martiaux et perte de poids : des tactiques effarantes !

19 avril 2016

Des médecins britanniques mettent en évidence les stratégies très dangereuses de certains sportifs pour perdre du poids rapidement avant une compétition. Ils ciblent particulièrement les disciplines qui contiennent des catégories de poids, en particulier le MMA (arts martiaux mixtes ou free fight). Un sport violent qui, bien qu’interdit en compétition en France, rencontrerait un succès grandissant. Mais souterrain…

Poings, pied, genoux, coudes… Le MMA, c’est deux combattants sur un ring grillagé qui ressemble à une cage et qui se rendent coup pour coup. Au Royaume-Uni où – contrairement à la France – les combats sont autorisés, des médecins ont conduit une étude afin d’en savoir plus sur les approches des combattants pour perdre du poids, avant les compétitions.

Dans ce style de discipline, l’objectif des sportifs est d’être « juste au poids » : à 69,9kg pour celui ou celle qui évolue parmi les moins de 70kg, alors que son poids de forme de se situe aux alentours de 75kg voire 80kg. D’où l’importance de perdre quelques kilogrammes les jours précédant un match.

15kg en une semaine !

Des médecins britanniques ont cherché à en savoir un peu plus. Ils ont notamment été interpellés par la mort d’un combattant brésilien de MMA en septembre 2013. Il avait perdu 20% de son poids – soit 15kg – en seulement 7 jours ! Pour leur travail, ils ont donc suivi et interrogé 30 de ces sportifs et publié leurs résultats dans le British Journal of Sports Medicine (BJSM).

Les deux-tiers de leur cohorte pratiquaient le water loading, qui consiste –deux à trois semaines avant un combat – à se charger en eau (jusqu’à 23 litres en 3 jours…) et à couper tout apport en sel et en glucides ! Tout cela étant guidée par une « croyance » (dixit les auteurs) selon laquelle si l’organisme n’absorbe plus de sel, il ne retiendra plus d’eau. L’idée étant donc qu’elle s’élimine jusqu’à épuisement des stocks ! Que ce soit par le système urinaire bien sûr ou par la transpiration. A ce titre, 17% de la cohorte a rapporté prendre des « produits » pour favoriser cette transpiration.

Pratiques incontrôlées

Ce n’est pas tout. Si 100% suivent un régime hypocalorique, un tiers avale aussi des diurétiques. Et 24h avant le combat (donc juste après la pesée), 8% recourraient à des injections de glycérol pour favoriser la réhydratation. Sans compter les 75% qui avalent des suppléments nutritionnels, le plus souvent sans l’avis de nutritionnistes et encore moins de médecins.

Les auteurs affichent leur inquiétude face à tant de pratiques incontrôlées et dangereuses. « Le fait de subir une déshydratation rapide et intensive augmente la fréquence cardiaque. Et donc l’afflux de sang au niveau du cerveau. Ce qui est d’autant plus problématique avant un combat », expliquent-ils… En conclusion, les scientifiques appellent surtout leurs autorités sportives à davantage de vigilance par rapport à ces approches. L’occasion aussi de rappeler que les pertes de poids rapides sont très courantes dans de nombreuses disciplines. Mais qu’elles doivent être encadrées par un professionnel de santé.

  • Source : British Journal of Sports Medicine, doi:10.1136/bjsports-2015-094732

  • Ecrit par : David Picot – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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