Aspirine-ibuprofène : l’association dangereuse ?
03 mars 2003
D’après une équipe britannique un anti-inflammatoire courant et vendu sans ordonnance, l’ibuprofène, diminuerait l’effet cardioprotecteur de l’aspirine. L’association de ces médicaments devrait donc être étroitement surveillée.
Elle pourrait en effet s’avérer dangereuse pour les patients traités pour une maladie cardiovasculaire, et auxquels de faibles doses d’aspirine sont prescrites pour éviter une récidive d’accident coronarien. Le cas est fréquent car l’aspirine fluidifie le sang en empêchant les plaquettes sanguines de s’agréger et de former des caillots. C’est ce que les spécialistes appellent son « effet anti-agrégant plaquettaire ».
A l’Université de Dundee en Ecosse, le Dr Tom MacDonald et son équipe ont suivi 7 100 malades cardiaques traités notamment avec de l’aspirine. Parmi eux, 187 prenaient également de l’ibuprofène, un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) présent dans beaucoup de médicaments destinés à la médication familiale, et donc accessibles sans ordonnance. L’étude écossaise a montré que ces derniers avaient un risque deux fois plus élevé de mourir au cours de la période étudiée, par rapport aux patients qui prenaient de l’aspirine seule, ou associée à un autre anti-douleur.
« L’ibuprofène peut réduire les bénéfices de l’aspirine dans le cadre d’un traitement cardio-vasculaire », explique Tom MacDonald. « Des études complémentaires vont toutefois être menées afin d’infirmer ou de confirmer ce résultat. En attendant, il serait plus prudent que les cardiaques sous aspirine qui doivent également prendre un AINS, se reportent sur une autre médicament que l’ibuprofène ». Si vous êtes dans ce cas et si vous avez besoin d’un anti-inflammatoire, surtout pensez à signaler au pharmacien que vous prenez régulièrement de l’aspirine !
Sachez que le diclofénac a montré qu’il n’avait pas d’interaction avec l’aspirine, mais ajouter un anti-inflammatoire à de l’aspirine augmente le risque d’accidents gastriques, parfois graves. Un autre anti-inflammatoire, le rofécoxib, a fait la preuve que non seulement il n’annulait pas les effets de l’aspirine, mais qu’il était deux fois moins dangereux pour l’estomac.