Asthme, allergies : les conséquences majeures du dérèglement climatique

19 février 2025

À peine la mi-février passée et déjà les trois-quarts de la France métropolitaine sont en alerte rouge aux pollens. Et cela ne va pas s’arranger dans les prochaines décennies : le dérèglement climatique, marqué par le réchauffement de la planète, l'intensification des phénomènes météorologiques extrêmes et la modification des cycles de pollinisation, agit directement sur les muqueuses bronchiques, provoquant une inflammation des voies respiratoires. Les personnes asthmatiques, dont 60 à 80 % ont un asthme allergique, sont directement concernées.

Il y a comme un avant-goût de printemps dans l’air cette semaine avec des conditions météorologiques douces, ensoleillées et venteuses qui favorisent l’émission et la dispersion des pollens. Le Réseau national de surveillance aérobiologique a affiché en rouge plus de 75 % du territoire, signifiant un « impact sanitaire prévisionnel des pollens élevé ». 

La douceur des températures a accéléré la floraison des arbres. Seuls la Bretagne, quelques départements normands et du nord du pays résistent, où l’alerte est « seulement » de niveau jaune. Mais la situation pourrait évoluer dans les prochains jours.   

Carte du Risque d’Allergie aux Pollens, les pollens en temps réel : ici. 

Un tiers des Français souffre de rhinite saisonnière

Environ un tiers des Français souffre de rhinite saisonnière due à une allergie aux pollens (« rhume des foins »). Or on assiste en ce moment à une véritable explosion de pollens. Ceux de Cupressacées-Taxacées (cyprès, thuyas, genévriers) sont particulièrement gênants pour les allergiques du sud-ouest au sud-est, avec un risque élevé de réactions. Les pollens de frênes sont aussi de la fête, dont le risque allergique est modéré. Les noisetiers et les aulnes, de la famille des bétulacées, sont également en pleine floraison sur l’ensemble du territoire, d’où un risque élevé d’allergie. Enfin, les mimosas (acacias) fleurissent dans le Sud, provoquant des allergies localisées. 

Les pollens, un danger pour la plupart des personnes asthmatiques

L’asthme allergique est une inflammation chronique des bronches, caractérisée par un gonflement de la paroi des voies respiratoires suite à l’inhalation d’allergènes présents dans l’air. Cette inflammation augmente également la sensibilité des bronches à d’autres stimuli (pollution, tabac…).   

Cette affection chronique se manifeste par des difficultés respiratoires (dyspnée), une respiration sifflante à l’expiration, une sensation d’oppression thoracique, des accès répétés de toux, un essoufflement après un effort, ainsi que, parfois, une fatigue soudaine et intense ou une pâleur. L’asthme peut se présenter sous différentes formes, allant d’un stade intermittent à une forme persistante et sévère. Dans les cas les plus graves, cette maladie peut engager le pronostic vital.   

Le rapport GINA indique que l’asthme allergique est très fréquent, en particulier chez les enfants, avec une prévalence pouvant atteindre 90 % chez les enfants asthmatiques et 60 à 80 % chez les adultes asthmatiques. 

De plus, on sait que la rhinite allergique multiplie par environ quatre le risque de développer un asthme. 

Le rôle du changement climatique

Lorsque l’asthme est d’origine allergique, il est indispensable d’agir au quotidien pour diminuer son exposition aux allergènes. Plus facile à dire qu’à faire, alors que les signes du dérèglement climatique s’intensifient, avec des répercussions négatives sur l’environnement des personnes asthmatiques. 

 – Encore plus de facteurs allergisants. L’allongement des saisons de pollinisation augmente l’exposition aux allergènes, ce qui aggrave les symptômes de l’asthme. De plus, l’ozone, dont l’effet est intensifié par la chaleur, exacerbe encore les troubles respiratoires. 

– L’impact majeur sur l’asthme des phénomènes climatiques extrêmes : les températures extrêmes peuvent déclencher des exacerbations d’asthme, souvent dès le jour même, avec un effet immédiat. De plus, les fortes pluies estivales entraînent une augmentation des hospitalisations pour asthme et altèrent la qualité des environnements intérieurs, favorisant la prolifération des moisissures et des acariens. Enfin, les tempêtes de poussières augmentent les hospitalisations liées à l’asthme, les particules inhalées provoquant des irritations et des inflammations des voies respiratoires.  

– Les orages polliniques. Ils semblent devenir de plus en plus fréquents sous l’effet du changement climatique et ses conditions météorologiques plus extrêmes. Ils représentent un danger pour les personnes asthmatiques. L’épisode de Melbourne en 2016 en est un exemple frappant, reproduit depuis dans d’autres parties du monde, notamment en France : une concentration élevée de pollens, combinée à des précipitations, ont conduit à une hausse massive des consultations aux urgences, des hospitalisations et des décès. Les mécanismes précis de ce phénomène restent mal compris, mais ces crises massives sont liées aux pollens fragmentés par les vents violents, qui se retrouvent inhalés sous forme de particules fines. Les facteurs de risque incluent des éléments environnementaux (pluies, humidité, variations de température, densité urbaine) et des facteurs individuels (asthme non traité, sensibilisation allergénique, comportement en cas d’exposition). 

Lire : Quels sont les effets d’une allergie aux pollens sur la santé ? 

  • Source : D’après la session A01 « L’asthme dans la tourmente du climat » au Congrès de pneumologie de langue française (24-26 janvier 25, Marseille) ; sites du Ministère du travail, de la santé, des solidarités et des familles et de l’Assurance maladie ameli.fr (consultés le 19/02/25), dossier Asthme de l’Inserm (consulté le 19/02/25) ; The GINA global strategy for asthma

  • Ecrit par : Hélène Joubert ; Édité par Emmanuel Ducreuzet

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