Asthme : traquer l’inflammation

12 février 2004

Les asthmatiques connaissent fort mal leur maladie. C’est ce qui ressort d’une enquête menée par les caisses d’Assurance Maladie de Champagne-Ardennes, auprès de malades utilisant des médicaments anti-asthmatiques. Les chiffres sont effarants.

Plus d’un sur trois continuent de fumer, 26% ne savent pas comment réagir en cas de crise et 23% ne disposent pas d’un traitement adapté ! L’inflammation des bronches, à l’origine de la maladie, est donc loin d’être comprise… et efficacement combattue. Pas étonnant dans ces conditions qu’en France, chaque jour, 7 personnes meurent encore d’asthme. Une maladie qui affecte pas moins de 3,5 millions d’entre nous.

L’asthme ne se guérit pas, mais il se soigne ” affirme l’OMS. ” Cette affection est due à une inflammation des voies respiratoires et affecte la sensibilité de leurs terminaisons nerveuses, qui sont alors facilement irritables. Lors d’une crise, la paroi des voies respiratoires gonfle, ce qui entraîne un rétrécissement de leur calibre et réduit le débit de l’air inspiré et expiré “.

Autrement dit, l’inflammation est à la racine du mal. Elle est responsable de ce que les spécialistes appellent une hyperréactivité bronchique, à l’origine de crises qui peuvent entraîner l’obstruction des bronches. A la longue, cette inflammation chronique finit par détériorer la paroi bronchique, dégradant les capacités respiratoires… Or le souffle, c’est la vie.

L’essentiel dans la prise en charge de l’asthme, c’est la lutte contre l’inflammation bronchique. Celle-ci permet de prévenir l’apparition de crises pénibles et parfois dangereuses. Or l’inflammation, tel le dragon de la mythologie, possède plusieurs têtes : elle agit par l’intermédiaire de différents médiateurs chimiques qui peuvent être attaqués par plusieurs types de médicaments.

D’abord les corticoïdes. Ils sont très efficaces pour inhiber la synthèse des cytokines et des prostaglandines, deux têtes capitales du ” dragon “. En traitement de fond, le fait qu’ils soient pris par inhalation minore leurs effets secondaires bien connus. A condition toutefois de s’en tenir aux doses minimales. Mais bien souvent, ils ne permettent pas, seuls, de juguler l’inflammation, et laissent persister des signes d’asthme malgré le traitement.

Heureusement, il est possible aujourd’hui d’agir sur une autre ” tête ” de l’inflammation, les leucotriènes qui sont inaccessibles aux corticoïdes. De nouvelles substances, les anti-leucotriènes, ont un effet complémentaire des corticoïdes. Ils permettent à des malades dont l’asthme est mal maîtrisé de réduire l’inflammation bronchique, de façon simple et facile puisqu’il s’agit de comprimés à avaler. L’association des anti-leucotriènes aux corticoïdes, en ciblant des voies différentes et complémentaires, permet ainsi de terrasser l’inflammation des bronches.

Soigner l’asthme, c’est – à défaut de le faire disparaître – ne plus en souffrir et préserver sa qualité de vie. Dans la lutte contre l’inflammation sous-jacente, nous ne sommes pas démunis d’armes efficaces. A condition de les utiliser toutes, et de bien apprendre à évaluer les résultats du traitement.

  • Source : Le Quotidien du Médecin - 23/01/2004 - OMS - Aide mémoire sur l'asthme - N°206

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