Attentat de Nice : face au traumatisme, les soins se réorganisent
15 septembre 2016
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Deux mois après l’attentat survenu à Nice, les équipes de psychiatrie des hôpitaux de la ville continuent de faire face à un afflux de patients souffrant de stress post-traumatique. Afin de soutenir leur effort, le ministère en charge de la Santé annonce plusieurs mesures. Ces dernières sont bienvenues mais ne parviendront pas à résoudre l’état de tension qui va perdurer encore plusieurs mois, d’après le Pr Michel Benoit, chef du service de psychiatrie du CHU de Nice.
« Le dispositif (d’accompagnement médico-psychologique des blessés et des témoins, ndlr) initialement mis en place doit désormais évoluer pour répondre, dans la durée, aux besoins des victimes : un suivi à la fois accessible, pérenne et spécifique, notamment pour les enfants et les adolescents », annonce Marisol Touraine, ministre de la Santé. Une bonne nouvelle pour les équipes des hôpitaux de la ville.
En effet, depuis l’attentat, les trois établissements de santé de Nice font « face à une demande de soins extrêmement importante », indique le Pr Michel Benoit. « Plus de 1000 consultations psycho-traumatiques individuelles ont été effectuées par un psychiatre ou un psychologue depuis le 19 juillet. » Soit au moins 40 fois plus qu’en temps normal. Or « nous ne sommes pas en mesure de faire face à cette demande exceptionnelle avec nos effectifs réguliers », poursuit-il.
Un soutien pérenne aux professionnels niçois
Et ce dispositif d’urgence médico-psychologique mis en place immédiatement après l’attentat devrait s’interrompre à la fin du mois. Pour le « faire évoluer afin de garantir un suivi adapté et durable des personnes traumatisées », la ministre promet « un premier renfort de 6 professionnels ».
Répartis en 2 équipes et financé par le ministère, la première sera située au Centre hospitalier universitaire Pasteur (un psychiatre, un psychologue, un secrétaire) et la seconde au Centre hospitalier Lenval (un pédopsychiatre, un psychologue et un secrétaire).
Gratuité des soins pour les victimes
En outre, « la prise en charge des personnes traumatisées dans ces structures est totalement gratuite », indique le ministère. Formalisant une réponse attendue par les victimes et les établissements hospitaliers depuis l’attentat. Les victimes, blessés et/ou témoins du drame pourront aussi « bénéficier, sur la base d’une prescription délivrée par leur structure d’accueil, de forfaits de 10 séances auprès d’un psychologue, remboursées chacune à 50 euros », indique le ministère.
Une autre manière de soulager les équipes des hôpitaux. « S’appuyer sur médecine de ville, psychiatrie et psychologie libérale, dont les consultations ne sont pas conventionnées, permettra d’orienter les patients vers des professionnels compétents en psycho-traumatologie quand c’est possible ». Ainsi, « on évitera les ruptures de soins », explique-t-il. Lesquelles sont particulièrement « délétères pour ces patients blessés psychiquement et en détresse ».
Et l’avenir ?
« Il est difficile de prévoir quels patients parvenir à une rémission rapide et lesquels vont voir leur stress post traumatique devenir chronique », souligne le Pr Benoit. En tout cas, « on sait que ces états de souffrance, s’ils durent plus de 2 mois, ont des risques de chronicisation augmentée ». C’est pourquoi il est important de « consulter au plus vite en cas de besoin ».
Sans vouloir tomber dans le pessimisme, le Pr Benoit s’avoue préoccupé. « Il faut que toutes les personnes impliquées de près ou de loin soient prises en charge afin de récupérer au plus vite », conclut-il.
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Source : ministère de la Santé, 14 septembre 2016 – interview du Pr Michel Benoit, chef du service de psychiatrie du CHU de Nice, 14 septembre 2016
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Vincent Roche