Automatiser la sérologie Covid-19 : aucune pertinence à ce jour

26 janvier 2022

Dans quelles situations les sérologies de Covid-19 s’avèrent-elles utiles ? Pour quelles raisons ces dosages ne sont pas recommandés en routine avant de recevoir une nouvelle injection de vaccin ? Explications.

Avant de recevoir votre troisième dose de vaccin contre la Covid-19, peut-être avez-vous pensé à effectuer un dosage de vos anticorps, pour savoir où vous en êtes au niveau de vos défenses immunitaires contre ce coronavirus, plusieurs mois après vos deux premières injections.

Libre à vous de demander une ordonnance à votre médecin traitant pour effectuer ce dosage. « Mais ce prélèvement n’est pas indiqué dans la pratique auprès de la population générale », déclare Chantal Pichon, enseignante-chercheuse de l’Université d’Orléans au Centre de biophysique moléculaire, CNRS. La stratégie sanitaire actuelle vise en effet l’immunisation par le vaccin la plus globale possible, associée au maintien des gestes barrières pour freiner au maximum la propagation du SARS-CoV-2.

Pour celles et ceux qui ne se sont pas fait vaccinés en 2021, mais qui comptent franchir le pas en 2022, à quoi pourrait bien servir la sérologie ? « A voir s’ils ont contracté la Covid-19 depuis mars 2020. » Un point qui pourrait être intéressant pour connaître votre statut sérologique, notamment « pour les formes asymptomatiques, chez des patients qui seraient donc passés à côté de leur Covid ». Mais à ce jour, ce réflexe ne serait pas probant. « Rien ne certifie que des anticorps apparus en 2020 ou début 2021 soient encore détectables lors de la sérologie effectuée à compter de janvier 2022. »

Une immunité trop personne-dépendante

« Ce recours automatique à la sérologie ne semble à ce jour pas pertinent », confirme Chantal Pichon. « Notre immunité liée à la Covid-19 est trop personne dépendante. » C’est-à-dire ? « La quantité d’anticorps détectée après avoir été malade ou après le vaccin, ainsi que leur maintien dans le temps, diffère selon les individus. » Aucune valeur seuil ne fait aujourd’hui consensus pour confirmer que tel dosage d’anticorps permet d’être effectivement protégé(e) contre une forme grave de Covid-19. Ni d’estimer à quel point nous sommes protégés du risque de contamination en cas d’exposition au SARS-CoV-2.

En cas de Covid longue

« Dans les hôpitaux en revanche, pour les cas de Covid longue, il est intéressant de doser les anticorps pour faire le lien entre l’état symptomatique d’un patient sur les mois suivant la contraction de la maladie et la détection d’une réaction immunitaire passée », souligne Chantal Pichon. Surtout pour les formes légères voire asymptomatiques qui n’auraient pas fait l’objet d’un test donc de diagnostic. « En effet il existe beaucoup de Covid longues après des formes tout à fait bégnines de Covid-19 », conclut Chantale Pichon.

  • Source : Interview de Chantal Pichon, enseignante-chercheuse de l’Université d’Orléans au Centre de biophysique moléculaire, CNRS, le 26 janvier 2022

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Édité par : Emmanuel Ducreuzet

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