© JazzLove/Shutterstock.com
Les spécialistes parlent d’une annonce historique. L’Agence américaine du médicament (FDA) a annoncé lundi 10 novembre retirer l’avertissement qui présentait, depuis 2002, le traitement hormonal de la ménopause (THM) comme dangereux pour la santé des femmes. Elle espère ainsi « réduire la peur disproportionnée qui prive environ 50 millions de femmes des bénéfices à court et à long terme de cette thérapie ».
Ce traitement apporte plusieurs améliorations, concernant :
Selon un article de la FDA publié dans la revue Jama le 10 novembre, l’hormonothérapie est aussi associée « à une réduction de 25 % à 50 % des événements cardiovasculaires mortels (principale cause de décès chez les femmes), une diminution de 50 % à 60 % des fractures osseuses, une réduction de 64 % du déclin cognitif et une baisse de 35 % du risque de maladie d’Alzheimer ».
Ce traitement efficace, très utilisé jusqu’au début des années 2000, a connu un coup d’arrêt après la publication de l’étude Women’s Health Initiative (WHI) en 2002. Selon les résultats de cette étude, l’association œstrogène / progestérone augmentait les risques de maladies coronariennes, d’accident vasculaire cérébral, de thromboembolie veineuse, de cancer du sein et de démence. Dans la foulée, la FDA avait ajouté l’ensemble de ces avertissements sur les boîtes de traitement. Une grande partie de médecins n’ont plus osé prescrire de THM, aux Etats-Unis, et partout ailleurs. En France, alors qu’une femme ménopausée sur deux prenait un traitement hormonal en 2000, elles n’étaient plus que 6 % en 2023, selon les chiffres avancés par l’Inserm.
L’étude WHI présente plusieurs failles qui la remettent en question. Comme l’âge des participantes, 63 ans d’âge moyen, soit des femmes beaucoup plus âgées que l’âge des femmes nécessitant un traitement. Alors que celui-ci est préconisé avant 60 ans et dans les 10 ans qui suivent la survenue des symptômes de la ménopause, les femmes traitées sont donc bien plus jeunes que celles concernées dans l’étude.
Selon l’Inserm, les participantes présentaient en outre un risque cardiovasculaire. Et les formulations actuelles ne semblent plus à risque de caillots sanguins ou de cancer du sein, précise la FDA qui a réalisé un examen complet de la littérature scientifique. Selon l’autorité sanitaire, les données provenant de femmes plus jeunes « suggèrent qu’un traitement hormonal initié dans les 10 ans suivant la ménopause réduit la mortalité toutes causes confondues durant la décennie suivante (…). De plus, aucun essai clinique n’a montré d’augmentation du risque de mortalité par cancer du sein due à l’hormonothérapie ».
A noter : en France, c’est un THM dit ‘à la française’ qui est préconisé. « Les médecins prescrivent une association d’estradiol, préférentiellement par voie cutanée, avec de la progestérone micronisée ou de la dydrogestérone, son dérivé », précise l’Inserm. Il doit être prescrit à la plus faible dose efficace et pour la durée la plus courte possible et être réévalué régulièrement par le médecin, au moins une fois par an.

Source : Inserm, JAMA, Vidal

Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet