Ménopause : les œstrogènes locaux contre les troubles urinaires
03 décembre 2024
Le syndrome génito-urinaire de la ménopause est un ensemble de symptômes qui peuvent être très gênants pour les femmes concernées, notamment la sécheresse vaginale, des douleurs lors des rapports sexuels ou encore des troubles urinaires. Dans ce cas, les œstrogènes locaux sous forme de crème, ovule ou anneau, sont plus efficaces que le traitement hormonal de la ménopause.
Le traitement du syndrome génito-urinaire de la ménopause (SGUM) vise à soulager un ensemble de symptômes périnéaux dus à une baisse importante des œstrogènes chez les femmes à la ménopause. Ce syndrome touche entre 25 et 50 % des femmes ménopausées.
Qu’est-ce que le syndrome génito-urinaire de la ménopause ?
Parmi les manifestations principales du SGUM, on trouve une sécheresse de la vulve (diminution de la lubrification) et du vagin, accompagnée de démangeaisons (prurit), de brûlures ou d’irritations, et une réduction du plaisir sexuel. Ces symptômes s’accompagnent souvent de douleurs lors de la pénétration (dyspareunie) et de saignements post-coïtaux.
Le SGUM comprend également des troubles urinaires, incluant une miction douloureuse ou gênante, associée à une sensation de brûlures intense (dysurie), une envie fréquente d’uriner (pollakiurie), ainsi que des impériosités mictionnelles (perte incontrôlée des urines suite à un besoin brusque et irrépressible d’uriner) mais aussi des infections urinaires à répétition.
Malheureusement, le SGUM s’installe et s’aggrave. La proportion de patientes atteintes augmente avec les années après la ménopause, dépassant 85 % au-delà de 7 ans. Par exemple, 4 % des femmes ont une sécheresse vaginale dès le début de la préménopause, 25 % un an après la ménopause et 47 % trois ans après, selon une étude.
Les œstrogènes locaux peuvent soulager les symptômes
Pour soulager ces femmes, les œstrogènes locaux peuvent être utilisés pendant de nombreuses années voire décennies, parfois en même temps qu’un traitement hormonal de la ménopause (THM), ce dernier n’étant prescrit que quelques années, le temps que les troubles liés à la ménopause (bouffées de chaleur, transpiration, douleurs articulaires, etc.) s’atténuent.
L’œstrogénothérapie locale, également appelée « traitement local trophique », est recommandée par le Collège National des Gynécologues-Obstétriciens français. Elle se présente sous différentes galéniques, au choix : sous forme d’ovules (COLPOTROPHINE®), de crème (GYDRELLE®, COLPOTROPHINE®, TROPHICREME®) ou d’anneau à libération prolongée sur 3 mois (ESTRING®, non remboursé).
Les molécules utilisées incluent l’estradiol (que l’on trouve dans l’anneau), l’estriol (dans certaines crèmes) et le promestriène (COLPOTROPHINE®).
Ce traitement local est bénéfique dans le cadre du syndrome génito-urinaire de la ménopause, quel que soit le type utilisé, sous forme de crème, d’ovule ou d’anneau, et qu’il s’agisse d’estradiol, d’estriol ou de promestriène. Les recommandations du Collège National des Gynécologues-Obstétriciens et du groupe GEMVIE (2021) insistent sur l’importance de ce traitement local, la voie vaginale des œstrogènes ayant une supériorité, en particulier sur les symptômes urinaires, par rapport au THM.
Ne pas craindre les œstrogènes locaux
Cependant, ces œstrogènes locaux sont trop souvent négligés, car les femmes ignorent cette possibilité et de nombreux médecins restent réticents à prescrire des hormones. Pourtant, les études et les recommandations, tant nationales qu’internationales, confirment leur efficacité et rassurent quant aux risques éventuels.
« Je suis très rassurante concernant la mise en place de ce traitement par œstrogènes locaux, indique le Dr Sandrine Campagne-Loiseau, chirurgienne gynécologue (CHU Estaing Clermont-Ferrand) qui s’exprimait lors du congrès de l’Association française d’urologie (Paris, 20-23 novembre 2024). Contrairement au THM qui présente des contre-indications spécifiques pour certaines patientes, les œstrogènes locaux n’ont pas de contre-indications absolues. Il existe toutefois des contre-indications relatives (à étudier au cas par cas, ndlr), notamment pour les cancers hormono-dépendants. » Cependant, pour ce qui est du cancer de l’endomètre, les données actuelles sont rassurantes. Idem chez les femmes sans antécédent de cancer du sein, où les études indiquent que le traitement local par œstrogènes au long cours ne favorise pas le cancer du sein.
Chez les patientes ayant des antécédents de cancer du sein, les études sont aussi plutôt rassurantes : les recommandations 2021 du CNGOF – GEMVIE et celles émanant des centres anticancéreux sont favorables à l’utilisation des œstrogènes locaux en cas de symptômes de SGUM persistants, si des méthodes non hormonales sont insuffisantes (acide hyaluronique, par exemple). Une étude de 2023 de grande ampleur sur près de 50 000 femmes n’a pas retrouvé de surrisque observé de récidive du cancer du sein dans les 5 ans avec l’utilisation d’œstrogènes vaginaux. « Il ne faut pas utiliser ce traitement en cours de traitement de cancer du sein, précise la gynécologue, mais quand on est à distance, plusieurs années voire décennies, il n’y a pas de contre-indication. »
Quelle posologie ?
La posologie recommandée consiste à débuter par un traitement quotidien de plusieurs semaines (un ovule ou une application, voire la pose d’un anneau), suivi d’un entretien avec un ovule ou deux applications par semaine.
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Source : Suivi de la session « Œstrogénothérapie locale : indications et (vraies ?) contre-indications », par le Dr Sandrine Campagne-Loiseau, chirurgien gynécologue, CHU Estaing Clermont-Ferrand, au congrès de l’Association française d’urologie (Paris, 20-23 novembre 2024) ; Lev-Sagie A. Vulvar and Vaginal Atrophy : physiology, Clinical presentation and treatment considérations. CI Obst Gyn. 2015 : 1-16 ; Local oestrogen for vaginal atrophy in postmenopausal women. Cochrane Database Syst Rev. 2016 Aug 31;2016(8):CD001500 ; Les femmes ménopausées : recommandations pour la pratique clinique du CNGOF et du GEMVi (Texte court) Gynécologie Obstétrique Fertilité & Sénologie 49 (2021) 305-317 ; Safety of Vaginal Estrogen Therapy for Genitourinary Syndrome of Menopause in Women With a History of Breast Cancer. Obstet Gynecol. 2023 Sep 1;142(3):660-668
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Ecrit par : Hélène Joubert - Édité par Emanuel Ducreuzet