Les 5 pourquoi de la ménopause

17 octobre 2025

A l’occasion de la journée mondiale de la ménopause, le 18 octobre, Destination santé fait le point sur cinq questions que vous vous posez sans doute sur la ménopause.

Pourquoi vos règles sont-elles anarchiques pour finir par disparaître ?

La femme naît avec un stock de 600 000 à 700 000 ovocytes. Le nombre diminue ensuite à chaque cycle menstruel. Au début d’un cycle, l’hypothalamus stimule la production d’une hormone qui favorise la croissance de quelques dizaines de follicules ovariens, qui contiennent les ovocytes immatures. Ces follicules produisent l’estradiol pour préparer l’utérus à accueillir un éventuel ovocyte fécondé. Si la fécondation n’a pas eu lieu, le corps jaune (transformation temporaire du follicule), qui produit la progestérone (l’œstrogène dans une moindre mesure), se résorbe progressivement et conduit à une élimination de la muqueuse utérine. Ce sont les règles.

Lors de la périménopause, les ovaires ne libèrent plus d’ovocytes à chaque cycle ou des ovocytes de mauvaise qualité. L’équilibre hormonal est profondément perturbé, pas de progestérone pour réguler le cycle qui a tendance à raccourcir. A ce moment-là, le niveau d’œstrogène peut  fluctuer et être responsable de règles longues et abondantes. Puis, faute de follicules, c’est au tour des niveaux d’œstrogènes de chuter. C’est la ménopause.

Pourquoi vous avez chaud ?

Une chaleur qui se propage dans le cou et le visage ? Des sueurs, une peau rouge, un rythme cardiaque rapide ? Et une sensation de froid après cette chaleur intense. Vous venez de subir une bouffée de chaleur. Il s’agit là d’un des principaux symptômes de la ménopause ; 40 à 70 % des femmes en souffriraient, durant 7 ans en moyenne. Comment expliquer ce mécanisme ? Deux éléments sont en cause : les œstrogènes et l’hypothalamus. En temps normal, l’hypothalamus maintient le corps à bonne température, en ajustant si besoin le flux sanguin et la production de sueur. Mais durant la périménopause, le taux d’œstrogènes, qui influencent l’hypothalamus pour ajuster la température, fluctue. L’hypothalamus est poussé à réagir, même lorsque les variations de températures sont légères. S’il croit que le corps est trop chaud, il déclenche une série d’événements censés le refroidir, ce sont les bouffées de chaleur.

Pourquoi le traitement hormonal de la ménopause a-t-il été discrédité ?

Alors que près de 50 % des femmes ménopausées étaient sous traitement hormonal de la ménopause (THM) à la fin des années 90, elles n’étaient plus que 6 % en 2023. Ce traitement qui associe œstrogènes et progestérones vise à limiter les effets liés aux carences en hormones sexuelles. Mais en 2002, l’étude américaine WHI (Women Health Study) qui évoquait son association avec un surrisque de cancer et de pathologies cardiovasculaires (infarctus, AVC, thrombose veineuse) a jeté le discrédit sur ce traitement. Toutefois, après réexamen des données, on a appris que l’étude avait été conduite chez des femmes qui avait 63 ans en moyenne, soit plus de 10 ans de plus que l’âge moyen de la ménopause. Il a aussi été montré que nombre de ces femmes présentaient un surrisque cardiovasculaire (surpoids, diabète, obésité). Enfin, le THM étudié dans ce travail comprenait des molécules qui ne sont pas utilisées en France. Depuis, le THM a été réhabilité pour le traitement des troubles du climatère, des risques osseux.

Le THM présente toutefois des contre-indications, comme des antécédents cardiovasculaires. Il n’est pas non plus recommandé plus de 10 ans près l’installation de la ménopause. Sa prescription devra faire l’objet d’une décision partagée par la patiente et le médecin.

En 2024, la gynécologue Brigitte Letombe décrivait pour Destination Santé le traitement hormonal de la ménopause « à la française », réputée pour protéger la santé des femmes.

Pourquoi avez-vous l’impression d’avoir du mal à vous concentrer, de perdre la mémoire ?

C’est l’un des symptômes méconnus de la ménopause, le brouillard cérébral soit un ensemble de symptômes consécutifs à un fonctionnement mental de moindre qualité. La gynécologue Thelma Linet explique dans son livre La ménopause, si je veux ! (éd. Albin Michel, 2025) : « le cerveau compte beaucoup de récepteurs à estradiol qui servent notamment pour la mémoire, la protection des neurones, le flux du sang dans les vaisseaux. Pas étonnant que, lorsque l’estradiol disparait, le cerveau soit un peu perturbé ».

Le manque d’œstradiol agit aussi sur les neurotransmetteurs (sérotonine, noradrénaline) qui se mettent à fluctuer, ce qui génère des sautes d’humeur. A cela s’ajoutent des troubles du sommeil dont souffriraient plus de la moitié des femmes en transition de la ménopause, selon la gynécologue. Eux-mêmes favorisent une baisse de la mémoire de la concentration, de la vigilance… et un risque dépressif. Ainsi, « une femme sur deux aura des symptômes dépressifs lors de la phase de transitions de la ménopause, note Thelma Linet. Or ils peuvent être améliorés par une prise en charge conjointe sur les plans psychiatrique et hormonal ».

Pourquoi vos os sont-ils fragilisés ?

La diminution du taux d’œstrogènes entraîne des conséquences physiologiques, comme une hausse des risques cardiovasculaires. Mais pas seulement. Elle est aussi responsable d’une baisse de la densité minérale osseuse qui conduit à l’ostéoporose. « Cette pathologie est deux à trois fois plus fréquente chez les femmes ménopausées que chez les hommes du même âge. Il en découle un risque de fractures plus élevé. Parmi les femmes qui ont 50 ans aujourd’hui, une sur trois ou quatre aura une fracture par fragilité osseuse d’ici la fin de sa vie », note l’Inserm.

En effet, les œstrogènes freinent la dégradation du tissu osseux et favorisent la formation d’os neuf. Mais au moment de la ménopause, la chute du taux d’œstrogène accélère la perte osseuse durant 5 à 10 ans.

  • Source : La ménopause, si je veux, Thelma Linet, Albin Michel, 2025. Inserm.

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Emmanuel Ducreuzet

Destination Santé
Résumé de la politique de confidentialité

Ce site utilise des cookies afin que nous puissions vous offrir la meilleure expérience utilisateur possible. Les informations sur les cookies sont stockées dans votre navigateur et remplissent des fonctions telles que vous reconnaître lorsque vous revenez sur notre site Web et aider notre équipe à comprendre quelles sections du site Web vous trouvez les plus intéressantes et utiles.

Plus d'informations sur notre politique de cookies sur nos CGU.

Aller à la barre d’outils