AVC : l‘hémisphère gauche peut-il aider le droit ?

06 février 2015

Chez une personne saine, la partie droite du cerveau commande… la partie gauche du corps. Mais après un accident vasculaire cérébral (AVC), des lésions de l’hémisphère droit peuvent altérer cette asymétrie. En fait, tout se passe comme si le patient ignorait la moitié du côté gauche. Mais « le cerveau aurait le pouvoir de compenser », viennent de révéler des chercheurs de l’INSERM.

« En phase aiguë d’un AVC survenant dans l’hémisphère droit, la grande majorité des patients présentent des signes de négligence du côté gauche », expliquent les chercheurs de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière de l’INSERM. « Ils agissent comme s’ils ignoraient la moitié gauche du monde », décrivent-ils dans une étude publiée le 21 janvier dans la revue Brain.

En fait, leur cerveau ne perçoit que les informations qui proviennent de la droite. La vision et le toucher sont particulièrement impactés. Ainsi le patient peut-il ignorer une personne arrivant sur sa gauche, se cogner dans les meubles situés à sa gauche, manger uniquement la partie droite de son assiette, ne se raser que sur la partie droite du visage. « Certains des patients récupèrent avec le temps, mais l’amélioration spontanée est loin d’être la règle », décrivent les chercheurs. Ainsi, un patient sur trois « présentant ce trouble continuerait à en présenter les signes plus d’un an après l’accident ».

Un système de compensation

L’équipe du Dr Paolo Bartolomeo a suivi 45 patients présentant des lésions vasculaires de l’hémisphère droit. Principal enjeu de l’étude, y voir plus clair dans les mécanismes dits de « plasticité cérébrales » pour rechercher des facteurs prédictifs de la persistance de ces lésions, et proposer aux patients une rééducation adaptée.

Par des techniques d’imagerie par résonance magnétique (IRM), ils ont évalué l’état des fibres de substance blanche, celles qui permettent aux différentes régions du cerveau de « parler entre elles », imagent les chercheurs. Résultat, tous les patients atteints de lésions et de troubles moteurs présentaient des atteintes dans ces voies de communication. « Dans le cerveau, la transmission de l’information entre les hémisphères droit et gauche se fait donc mal », indique le Pr Bartolomeo. « Signe que les deux hémisphères ne se compensent pas », en déduit-il. Lequel suppose que si la substance blanche était moins atteinte, le cerveau gauche compenserait peut-être le cerveau droit.

Mais à ce jour, il est impossible de prévoir le pouvoir de compensation cérébrale dans le temps. « Une seule analyse a été faite, or plusieurs examens répétés seraient nécessaires pour suivre l’évolution des lésions. Et pouvoir confirmer ou infirmer que la substance blanche influence bien le mécanisme de compensation entre les deux hémisphères sur le long terme ».

  • Source : INSERM, Institut de la moelle épinière et du cerveau, le 23 janvier 2015

  • Ecrit par : Laura Bourgault – Edité par : Dominique Salomon et Vincent Roche

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