Baclofène : un risque d’apnée du sommeil

31 mai 2016

Analyses du rythme respiratoire nocturne à l’appui, une équipe de l’INSERM l’affirme : « le baclofène peut provoquer des apnées du sommeil sévères ! » Une information des plus importantes dans la mesure où, depuis la découverte de son intérêt dans la prise en charge de l’alcoolodépendance, ce relaxant musculaire est de plus en plus prescrit.

Le baclofène bénéficie d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) dans la prise en charge de la dépendance à l’alcool. Avec cette utilisation élargie, des cas d’effets secondaires ont commencé à apparaitre. Parmi eux, des apnées du sommeil.

Pour en avoir le cœur net, des chercheurs (Unités 1063 INSERM/Université d’Angers et 1042 INSERM/Université de Grenoble) ont suivi quatre hommes qui prenaient jusqu’à 190 mg par jour de baclofène pour traiter leur dépendance à l’alcool. Tous se plaignaient de symptômes évoquant une apnée sévère du sommeil : suffocation nocturne, ronflements, somnolence diurne…

Des examens probants

Les scientifiques leur ont fait passer des tests spécifiques, en particulier une polysomnographie. Cet examen consiste à enregistrer plusieurs variables physiologiques grâce à des électrodes placées sur le corps du patient endormi : rythmes respiratoire et cardiaque, électroencéphalogramme, électromyogramme des muscles des bras ou des jambes…

Résultat, après avoir écarté d’éventuels facteurs de risque, « ces quatre hommes souffraient sans conteste d’une apnée sévère du sommeil (induite par le baclofène ndlr), avec jusqu’à 100 interruptions respiratoires et 40 micro-éveils par heure ! », précise Fréderic Gagnadoux, professeur de pneumologie au CHU d’Angers. « Et plus précisément d’une forme d’apnée du sommeil dite centrale, dans laquelle le cerveau provoque ces arrêts respiratoires nocturnes fréquents. » La confirmation définitive est venue lorsque l’un des participants a stoppé son traitement au baclofène qu’il jugeait inefficace. Son apnée du sommeil a complètement disparu !

Si les chercheurs ne connaissent pas encore le mécanisme précis en jeu dans cette affaire, ils avancent l’hypothèse selon laquelle « en renforçant l’action d’un neurotransmetteur (le GABA), le baclofène perturberait le contrôle de la ventilation par le système nerveux central, altérant ainsi le rythme respiratoire nocturne ».

Ne pas stopper le baclofène pour autant

« Si le baclofène s’avère efficace chez un patient qui déclenche une apnée centrale du sommeil, il ne faut pas l’arrêter », prévient Fréderic Gagnadoux. « En revanche, il faudra traiter au plus vite son apnée nocturne. « Dans cette étude, les trois patients qui ont poursuivi leur traitement au baclofène ont été mis sous ventilation assistée la nuit, technique qui s’est avérée efficace pour deux d’entre eux. »

  • Source : INSERM, 31 mai 2016

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Dominique Salomon

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