Benzodiazépines : un risque de démence augmenté de 60%

03 décembre 2015

Selon des chercheurs français – dont les travaux viennent de paraître dans la revue Alzheimer’s and Dementia – la consommation de benzodiazépines serait associée à un risque accru de démence. Plus précisément, ils incriminent les produits à demi-vie longue (qui disparaissent de l’organisme en plus de 20 heures) qui augmenteraient le danger de 60%.

Prescrits pour un large spectre de pathologies (troubles du sommeil, symptômes dépressifs, anxiété), les benzodiazépines et les psychotropes figurent parmi les médicaments les plus consommés en France. Environ 30% des plus de 65 ans les utiliseraient.

Si de précédentes études avaient déjà suggéré une augmentation du risque de démence consécutive à la prise de ces produits, beaucoup de questions restaient en suspens. L’une d’entre elles concernait la différence d’effets potentiels des benzodiazépines à demi-vie courte par rapport celles à demi-vie longue.

Des chercheurs de l’INSERM (Unité 897 « Centre de recherche Epidémiologie et biostatistique » à l’Université de Bordeaux) ont donc tenté d’en savoir plus. Ils se sont penchés sur l’étude dites des « 3 Cités » (Bordeaux, Dijon Montpellier). Ainsi, 8 240 personnes âgées de plus de 65 ans ont été suivies pendant 8 ans. Au cours de ce travail, 830 nouveaux cas de démence ont été recensés. En parallèle, l’enregistrement systématique de tous les médicaments consommés par les participants, a été réalisé. 

Des mesures hygiéno-diététiques

Résultat, « les participants consommant des benzodiazépines de demi-vie longue ont un risque augmenté de 60% – par rapport à la population générale – de développer une démence (majoritairement de type de la maladie d’Alzheimer) et ce sans que cela ne soit explicable par d’autres facteurs », indiquent les auteurs.

Dans la mesure où il ne s’agit que d’une étude observationnelle, les mécanismes de cette association ne sont pas connus. Néanmoins, « le doute est suffisant pour encourager médecins et patients à trouver des formes alternatives pour les troubles du sommeil des personnes âgées qui sont le motif principal de prescription de ces médicaments : conseils hygiéno-diététiques, produits non médicamenteux, et au maximum les médicaments les moins dangereux comme les benzodiazépines à demi-vie courte », concluent les chercheurs.

  • Source : INSERM, 2 décembre 2015

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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