Bientôt des vaisseaux sanguins en kit ?
07 février 2011
Faire pousser des vaisseaux sanguins à partir de tissu humain, ce n’est pas nouveau. Mettre au point des veines et des artères que l’on peut stocker pendant des mois et compatibles avec n’importe quel receveur, ça l’est nettement plus. Cette technologie innovante pourrait à terme, faciliter les soins des patients devant subir un pontage artério-veineux pour dialyse par exemple. C’est une équipe américaine qui est parvenue la première, à fabriquer in vitro ces vaisseaux. Elle a procédé en partant de tissu aortique, et les essais cliniques débuteront bientôt.
Des scientifiques de trois Universités américaines – Duke à Durham et East Carolina à Greenville, l’une et l’autre en Caroline du Nord, ainsi que Yale à New Haven (Connecticut) – se sont associés à la société Humacyte pour cultiver des cellules de tissu aortique. Celles-ci provenaient de donneurs humains, et ont « poussé » dans des tubes de polymère biodégradable. Une fois formés, les vaisseaux sanguins obtenus se sont avérés compatibles avec n’importe quel receveur, sans risque de rejet. « Ces vaisseaux sanguins cultivés en laboratoire possèdent des propriétés similaires aux veines et artères humaines naturelles », indique Shannon Dahl (Humacyte). De plus, elles réduisent le risque d’infection, d’obstruction et de troubles de la coagulation. « Nous avons pu l’observer dans le cas de dialyses et de pontages d’artères coronaires ou périphériques sur des animaux de grande taille », précise l’auteur.
Autre avantage, cultivés « à l’avance », ces vaisseaux peuvent être conservés pendant 12 mois dans une simple solution saline réfrigérée, sans perdre leurs propriétés. « Les chirurgiens et les patients pourraient ainsi y avoir accès tout de suite », se réjouit Alan P. Kypson (Université East Carolina). « Aujourd’hui, les pontages coronariens sont souvent réalisés à partir de veines prélevées sur la jambe du patient lui-même. Seulement, outre les complications observées avec cette méthode, les malades n’ont pas toujours des veines (de suffisamment bonne qualité pour être) utilisables », explique-t-il.
Les patients sous dialyse pourraient également bénéficier de cette technologie. En effet, les vaisseaux artificiels utilisés actuellement dans cette indication entraînent de nombreuses complications. Le nombre d’opérations chirurgicales pour « changer » ces vaisseaux sur les patients qui en ont reçu pourraient être significativement réduit grâce à cette nouvelle méthode.
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Source : Science Translational Medicine, et American Association for the Advancement of Science (AAAS), 2 février 2011; Interview de Shannon Dahl, 2 février 2011