Bientôt un test salivaire pour diagnostiquer l’endométriose ?

16 juin 2023

Actuellement, c’est une coelioscopie qui permet de poser le diagnostic de l’endométriose. L’efficacité d’un simple test salivaire, développé par une start-up française, vient toutefois d’être démontré dans une étude.

Chez les patientes qui souffrent d’endométriose, l’errance diagnostique peut durer 8 ans en moyenne. S’il tient ses promesses, ce test salivaire, donc non-invasif, pourrait changer la donne. Une étude publiée le 9 juin dans le New England Journal of Medecine valide l’efficacité de l’Endotest, développé par la start-up lyonnaise Ziwig.

De quoi s’agit-il ? Le test nécessite un simple prélèvement salivaire via un kit d’auto-prélèvement. L’échantillon est transmis en laboratoire afin d’y analyser les micro-ARN. Extraits de la salive, ils sont ensuite séquencés via la next-generation sequencing (NGS). Une technologie moléculaire de pointe qui permet « l’acquisition simultanée de données relatives à des millions de fragments d’ADN ou d’ARN », précise Ziwig dans un communiqué de presse. C’est ensuite l’intelligence artificielle qui s’occupe d’analyser ce séquençage à haut débit.

C’est quoi les micro-ARN ?

En 2022 déjà, la start-up annonçait la découverte d’une signature salivaire de l’endométriose via les micro-ARN. Dans l’étude intermédiaire présentée dans le NEJM, des tests salivaires ont été effectués sur 200 patientes, âgées de 18 à 43 ans, dont l’endométriose a déjà été diagnostiquée. Dans 96,2 % des cas, les micro-ARN, biomarqueurs de la maladie, ont pu être détectés par l’IA.

« Les micro-ARN (miARN) sont des petits ARN non codants : contrairement aux ARN messagers, ils ne sont pas traduits en protéines par la machinerie cellulaire. Leur rôle est au contraire de réprimer l’expression des gènes : lorsqu’un miARN se fixe sur sa cible, un ARN messager spécifique, il bloque sa traduction en protéines et/ou induit sa dégradation », expliquait la start-up en 2022.

Disponible en France d’ici fin 2023 ?

Découverts voici une vingtaine d’années, on retrouve les micro-ARN en quantité variable dans la plupart des fluides corporels, sang, salive, urine…  « Depuis quelques années, des preuves se sont accumulées en faveur de leur implication dans les mécanismes physiopathologiques de l’endométriose. Un lien direct entre la dérégulation de certains miARN et le développement des lésions d’endométriose a été mis en évidence », poursuit Ziwig. 109 d’entre eux ont pu être identifiés et constituent désormais la signature de la maladie.

Jusque-là, c’est une coelioscopie, invasive et sous anesthésie générale, qui permettait de poser un diagnostic. Ce test salivaire, déjà disponible dans plusieurs pays d’Europe mais aussi en Arabie Saoudite et aux Emirats Arabes Unis, pourrait s’avérer précieux pour améliorer la prise en charge des patientes. Ziwig espère le voir disponible en France d’ici la fin de l’année 2023.

A noter : l’endométriose touche une femme en âge de procréer sur dix. Sans qu’on en connaisse précisément les causes, la maladie se caractérise par la présence en dehors de l’utérus de tissu semblable à de la muqueuse utérine. L’endométriose est une maladie chronique qui entraîne de nombreux symptômes – dont des douleurs pelviennes, une infertilité chez certaines femmes – parfois très invalidants.

  • Source : The New england journal of medecine, 9 juin 2023 – Ziwig.com

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – édité par Emmanuel Ducreuzet

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