Bientôt un traitement efficace contre la narcolepsie ?

30 août 2023

La narcolepsie de type 1 est une maladie auto-immune qui impacte considérablement la qualité de vie. Une équipe de chercheurs français vient de publier les résultats prometteurs d’une nouvelle molécule, développée par le géant pharmaceutique Takeda.

Un trouble du sommeil qui nuit à la qualité de vie de près de 20 000 personnes en France. La narcoplepsie « est caractérisée par un sommeil nocturne de durée normale mais de qualité médiocre, une somnolence diurne excessive et des endormissements irrépressibles qui peuvent survenir à tout moment de la journée, même en pleine activité », explique l’Inserm. Le Centre de référence des narcolepsies et hypersomnies rares (Inserm, Université de Montpellier) a récemment publié dans la revue New England Journal of Medecine les résultats d’une étude sur un traitement prometteur de la narcolepsie de type 1.

Yves Dauvilliers, neurologue et directeur du centre, et son équipe, ont testé le traitement développé par le laboratoire japonais Takeda. Trois groupes de patients – 73 en tout – ont reçu deux fois par jour par voie orale la molécule appelée TAK-994, 30 mg pour le premier, 90 mg pour le second et 120 mg pour le troisième. Un quatrième groupe témoin a reçu un placebo. Les résultats ont été spectaculaires : « nous n’avons pas eu une simple amélioration des symptômes, pour la première fois, les patients se sont tout simplement sentis guéris », confirme le Pr. Dauvilliers.

La destruction des neurones impliqués dans l’état de veille

Concrètement, comment ça marche ? La narcolepsie de type 1 est une maladie auto-immune dont les symptômes sont causés par la destruction des neurones quoi synthétisent l’orexine également appelée hypocrétine, ce neurotransmetteur qui permet de stimuler et maintenir l’état de veille. Chez ces patients, « près de 80 000 de ces neurones de l’hypothalamus sont détruits », note l’Inserm. Il est donc impossible pour eux de maintenir l’état de veille. La molécule TAK-994 est un agoniste des récepteurs 2 de l’orexine « qui agit comme une clé similaire à l’orexine et entraîne donc les mêmes effets sur l’organisme ».

L’essai clinique de phase 2 a dû être stoppé prématurément, au bout de huit semaines, à cause d’effets secondaires hépatiques. Mais l’équipe de chercheurs travaille d’ores et déjà sur un agoniste « doté d’une plus grande affinité pour le récepteur 2 de l’orexine, et qui aurait donc moins d’effets secondaires », assure Yves Dauvilliers. Le traitement pourrait ainsi être bientôt disponible.

D’ici là, le spécialiste note l’importance d’un diagnostic précoce. « Aujourd’hui en moyenne on met 8 ans à diagnostiquer la narcolepsie, et seul 1/3 des patients ont un diagnostic, c’est vraiment trop peu ».

  • Source : Inserm – Oral Orexin Receptor 2 agonist in Narcolepsy type 1, the New England journal of medecine, 27 juillet 2023

  • Ecrit par : Dorothée Duchemin – Edité par Vincent Roche

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