Bioterrorisme : bientôt un antidote contre la ricine ?

14 juin 2016

Le risque d’attentat bioterroriste est bien présent à l’esprit des autorités et de l’armée française. Notamment par diffusion aérienne d’une substance des plus toxiques et faciles d’accès : la ricine. C’est pourquoi la recherche s’est intensifiée ces dernières années. Une équipe INSERM, associée à l’Institut de recherche biomédicale des Armées (IRBA) a récemment réussi à mettre au point un dispositif d’administration d’un antidote, un nébuliseur.

L’IRBA avait déjà développé il y a plusieurs années, un anticorps monoclonal, capable d’inhiber la ricine. Mais l’administration de cet antidote à d’éventuelles victimes d’une attaque bioterroriste s’avérait alors difficile, voire impossible. En effet, « l’aérosolisation altère souvent les produits biologiques inhalés », notent les auteurs. Afin de parvenir à mettre au point un dispositif efficace sur le terrain, l’armée a donc fait appel à un laboratoire INSERM spécialisé dans l’administration de biomédicaments par voie respiratoire.

« La ricine est une substance particulièrement toxique lorsqu’elle est inhalée », expliquent les auteurs de ce travail. « Elle gagne rapidement les poumons, puis les alvéoles. De là, elle détruit les cellules de l’hôte et entraine successivement œdème pulmonaire, insuffisance respiratoire aiguë, puis décès en quelques jours. » Redoutable donc, la ricine « est extractible d’une plante commune, largement répandue dans le monde, et très facile à produire ». Il s’agit du ricin, Ricinus communis, dont la toxine glycoprotéique est particulièrement concentrée dans les graines.

Nébuliser l’antidote

Au terme de 3 ans de travail, les chercheurs ont réussi à développer un nébuliseur. Ce dispositif permet de « mélanger la poudre d’anticorps, stockée dans une grande seringue, avec une solution adaptée pour son aérosolisation », expliquent-ils. « Le tout est automatiquement transféré dans le réservoir d’un générateur d’aérosol qui fonctionne sur piles. L’aérosol généré est stocké dans une chambre d’inhalation, pour maximiser la quantité d’antidote délivrée à la victime. » Concrètement, celle-ci « y inspire et y expire pendant plusieurs minutes, de sorte qu’il n’y a pas de perte de produit et que ce dernier pénètre profondément dans le tractus pulmonaire ».

Testé sur le singe, ce nébuliseur a montré son efficacité. Administré jusqu’à six heures après l’intoxication à la ricine, 100% des animaux inclus dans l’étude ont été sauvés. Reste à tester son efficacité chez l’être humain. La poursuite de ce travail n’est pas facile « tant l’utilisation de [cette substance] est contrôlée en France », explique les chercheurs. « Les décisions qui permettront de poursuivre le projet appartiennent maintenant à l’armée », concluent-ils. Ce projet étant d’ailleurs financé par la Direction générale de l’armement.

  • Source : INSERM, 7 juin 2016

  • Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

Aller à la barre d’outils