Blennorragie, syphilis…pendant le confinement, des IST en hausse ?
05 novembre 2020
Compte tenu des mesures de confinement et de distanciation sociale observées au printemps dernier, on aurait pu s'attendre, en toute logique, à voir baisser les cas d'infections sexuellement transmissibles. Menée entre mars et avril, une petite étude italienne semble montrer le contraire.
Gonorrhée (« chaude-pisse »), syphilis, mais aussi mycoplasme génital (MG) : ces infections sexuellement transmissibles (IST) sont relativement courantes. Comme leur nom l’indique, elles se transmettent à l’occasion de rapports sexuels non protégés et sont en recrudescence, partout en Europe, depuis environ 5 ans. On observe surtout cette tendance chez les HSH, les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.
Alors que tous les pays européens ont été concernés par des mesures de confinement et de distanciation sociale au printemps dernier, on aurait pu s’attendre à observer une baisse du nombre de personnes touchées par ces IST pendant cette période. Une petite étude, réalisée au printemps dans deux centres milanais de dépistage des IST, semble indiquer le contraire. Les résultats viennent d’être présentés au congrès virtuel annuel de l’Academy of Dermatology and Venereology.
Chaude-pisse et Sars-CoV-2
Pour ce travail ont été comparés les nombres de diagnostics confirmés d’IST entre le 15 mars et le 14 avril, avec la même période l’an dernier. Malgré une baisse de fréquentation de plus d’un tiers de ces centres spécialisés, les diagnostics de blennorragie et de syphilis ont eux augmenté, particulièrement chez les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH). Les comportements sexuels à risque ne semblent pas donc avoir été réduits par les mesures de confinement. Au contraire.
C’est une surprise pour le Dr Marco Cusini, de La Fondazione IRCCS Ca ‘Granda Ospedale Maggiore di Milano Policlinico. Il tente une explication : « La gonorrhée et la syphilis sont généralement plus fréquentes chez les trentenaires. Les infections peuvent avoir augmenté parce que la concentration de morbidité et de mortalité de la Covid-19 chez les personnes âgées a permis à la cohorte plus jeune et plus active de se sentir protégée ». Restent que les contacts étroits, qui vont de pair avec les relations sexuelles, impliquent également un risque d’infection accru au Sars-CoV-2, qui n’épargne pas non plus les plus jeunes.
A savoir : Selon le rapport épidémiologique annuel du Centre européen pour le contrôle et la prévention des maladies, plus de 100 000 personnes étaient touchées par une blennorragie, dans les 28 pays de l’Union européenne, en 2018. Soit 22% de plus que l’année précédente. La syphilis, elle, concernait en 2016 environ 30 000 Européens. Un chiffre relativement stable.
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Source : Centre européen pour le contrôle et la prévention des maladies, 29th European Academy of Dermatology and Venereology (EADV) Congress, le 2 novembre 2020
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Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet