Covid-19 : la sexualité confinée

20 mars 2020

Notre intimité peut se sentir chahutée en ces temps de confinement. Quelles pratiques mettre de côté ? Le Covid-19 peut-il se contracter par voie sexuelle ? Comment faire si vous n’êtes pas confiné(e) avec votre conjoint(e) ? Eclairages de Gilbert Bou Jaoudé, médecin sexologue.

Confinés dans vos pénates depuis 4 jours, et ce n’est qu’un début, vous avez peut-être éprouvé quelques changements dans votre sexualité. Que vous soyez en couple, en relation naissante ou adeptes des rencontres furtives, désir et libido peuvent perdre leurs repères.

Le Covid-19 n’est pas une infection sexuellement transmissible, mais… 

Ce virus n’est « pas transmissible par les zones et les sécrétions génitales (sperme, sécrétions vaginales), comme peuvent l’être le virus du VIH ou l’herpès génital », déclare Gilbert Bou Jaoudé, médecin sexologue et directeur scientifique de la plateforme de consultation à distance Charles.co. S’il se transmet pendant un rapport sexuel, ce ne sera que lorsque vous embrassez votre partenaire. Gouttelettes de salive et sécrétions sont autant de vecteurs viraux. Notez également que le Covid-19 se retrouve en revanche dans les selles, entraînant un risque de contagion en cas de rapports anaux.

Pour les couples confinés ensemble 

Si vous êtes confinés depuis le début de la semaine avec votre conjoint, avec peu voire pas de contacts avec d’autres personnes, alors vous n’avez rien à changer dans vos rapports sexuels. Limitez en revanche l’usage du French kiss.  

Si vous ou votre conjoint présentez des symptômes type fièvre, toux, céphalées, maux de gorge, alors vous êtes à risque de Covid-19. Mieux vaut éviter les rapports sexuels (vous n’aurez d’ailleurs sans doute pas la tête à ça). Idem évidemment si vous êtes positifs au Covid-19.

Pourquoi ne pas tester « le sexe virtuel », quand bien même vous vivez ensemble ? Ou encore « le sexe indirect » ? propose Gilbert Bou Jaoudé,. C’est-à-dire ? « Se masturber individuellement, en se regardant ou pas, [en utilisant] un parfum que l’autre utilise et qu’on ressent peut être utile pour plonger plus facilement dans le  délire sexuel ». Si vous en avez, vous pouvez aussi utiliser « des sex-toys télécommandés ». 

En couple mais confinés séparément 

Si l’envie vous en prend, transformez cette mise à distance en booster de libido, en échangeant par téléphone, texto, mail, webcam. « Pour beaucoup de personnes, les messages écrits et les discussions ‘virtuelles’ permettent de se dire plus de choses, de ‘se lâcher’, d’évoquer des sujets qu’ils/elles n’oseraient pas évoquer de visu et parfois de faire des choses virtuellement qu’on ne ferait jamais réellement mais qui resteront comme un fantasme commun. » 

Adeptes des sites de rencontres ou relations éphémères 

Il est recommandé « d’éviter les rencontres et les rapports sexuels pendant cette période d’épidémie ». Pas de privation de liberté bien sûr, juste un peu de civisme en ces temps compliqués. « Vous ne pouvez pas savoir si la personne que vous rencontrez est porteuse ou non du virus ; de même, vous risqueriez de contaminer la personne en toute ignorance à cause de votre état », décrit Gilbert Bou Jaoudé. Un risque d’autant plus important que les patients asymptomatiques sont à l’origine de plus de la moitié des nouvelles transmissions.

En attendant, et consentement oblige bien sûr, vous pouvez expérimenter le sexe virtuel (texto, webcam…), un peu plus transgressif. Et pour une fois « on ne va pas vous dire d’arrêter d’être avec votre smartphone ou devant vos écrans ». Cette pratique peut d’ailleurs épicer vos futurs échanges. « Plus tard, la rencontre physique, pourrait même avoir une autre saveur s’il y a eu des jeux sexuels virtuels avant, avec une forme de complicité débutante déjà. »

  • Source : Gilbert Bou Jaoudé, médecin sexologue et directeur scientifique de la plateforme de consultation à distance Charle.co, à Paris, le 18 mars 2020

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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