Cancer avant 18 ans : ménopause précoce ?

03 décembre 2012

Les femmes ayant souffert d’un cancer avant l’âge de 18 ans ont-elles un risque accru de ménopause précoce ? Selon une équipe française, certains traitements pourraient en effet augmenter le risque d’une ménopause avancée par rapport à la population générale. Les explications du Dr Cécile Thomas-Teinturier, principal auteur de l’étude à l’unité INSERM U1018 de Villejuif, et pédiatre endocrinologue à l’hôpital Bicêtre.

Les auteurs ont suivi 706 femmes qui toutes, avaient survécu à un cancer de l’enfance ou de l’adolescence. En se basant sur des questionnaires complétés par ces patientes, ils ont observé que pour 97 de ces femmes leur ménopause était survenue à un âge médian de 44 ans. C’est-à-dire 7 ans plus tôt que dans la population générale.

Certains traitements augmentent le risque

Au terme de ce travail, plusieurs facteurs de risques ont été identifiés. Chez le tiers de ces 97 femmes, la ménopause avait été induite par l’ablation chirurgicale des deux ovaires, ablation souvent pratiquée en deux temps. Même si leur pathologie n’avait imposé le retrait que d’un ovaire sur deux, ces femmes en effet ont par la suite présenté « un risque plus important que les autres de développer un problème gynécologique nécessitant une seconde ovariectomie. Et c’est celle-ci qui a induit une ménopause plus précoce », explique-t-elle.

Pour les autres patientes, « une chimiothérapie contenant des agents alkylants, associée à une radiothérapie de l’abdomen pendant l’adolescence, paraît avoir augmenté le risque d’une ménopause avancée en moyenne de 4 ans », indique Cécile Thomas-Teinturier. Et « 2,1% des femmes ayant reçu une chimiothérapie à haute dose avant transplantation médullaire, c’est-à-dire avant greffe de moelle osseuse, ont développé une ménopause avant 40 ans ».

« Ces nouvelles données devraient permettre d’informer les patientes lorsqu’elles exposées à un risque de ménopause précoce. Les praticiens devraient notamment leur conseiller de ne pas retarder leur première grossesse au-delà de 30 ans, mais aussi rassurer celles pour qui le risque de ménopause avancée est faible », conclut Cécile Thomas-Teinturier.

  • Source : INSERM, 22 novembre 2012 ; interview du Dr Cécile Thomas-Teinturier, chercheur à l’INSERM et pédiatre endocrinologue à l'hôpital Bicêtre, 26 novembre 2012

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