Cancer de la prostate : pourquoi est-il si agressif chez les patients obèses ?
18 janvier 2016
obese-Suzanne TuckerShutterstockok
L’obésité est associée à l’apparition de cancers agressifs. Des chercheurs de l’Institut de pharmacologie et de biologie structurale (CNRS/Université Toulouse III – Paul Sabatier) ont mis au jour un des mécanismes à l’origine de cet effet dans le cancer de la prostate. Le tissu graisseux qui entoure la glande prostatique facilite la propagation des cellules tumorales en dehors de cet organe.
La prostate est entourée d’un dépôt graisseux appelé tissu adipeux périprostatique (TAPP). Au cours de l’évolution d’un cancer de la prostate, les cellules tumorales peuvent infiltrer ce tissu adipeux autour de cet organe. C’est une étape clé qui signale le début d’une maladie localement avancée car le cancer peut alors progresser vers les organes voisins.
Ce phénomène est plus fréquent chez les patients obèses, pour lesquels la taille et le nombre de certaines cellules du TAPP, les adipocytes, sont augmentés. Ces cellules sécrètent les chimiokines, de petites molécules bioactives capables d’attirer d’autres cellules. Les chercheurs ont montré que celles-ci peuvent attirer les cellules tumorales prostatiques, en interagissant notamment avec un de leurs récepteurs, CCR3.
Une cible thérapeutique dans le tissu adipeux
Ainsi, chez des souris obèses ayant subi un régime hyperlipidique, la progression des tumeurs et leur dissémination hors de la prostate sont plus importantes que chez des souris de poids normal. Le mécanisme a été observé chez l’homme. Dans une étude réalisée sur plus de 100 échantillons de tumeurs humaines, les tumeurs exprimant un haut niveau de CCR3 se sont montrées plus agressives, ont présenté une dissémination locale plus fréquente et se sont montrées plus résistantes au traitement.
« Des molécules ciblant CCR3 ayant déjà été développées par l’industrie pharmaceutique pour d’autres maladies, les chercheurs souhaitent désormais étudier cette nouvelle piste thérapeutique qui pourrait permettre de diminuer l’agressivité du cancer de la prostate chez les personnes obèses », conclut le CNRS.
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Source : CNRS, Université Toulouse III Paul Sabatier, 7 janvier 2016
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Ecrit par : Dominique Salomon - Edité par : Emmanuel Ducreuzet