Cancer de la prostate : une nouvelle biothérapie redonne de l’espoir

24 mars 2025

Dans le cancer de la prostate métastatique résistant à la castration, une forme particulièrement grave de la maladie, une nouvelle thérapie ciblée répondant au nom de talazoparib associée au traitement de référence permet de gagner des mois de vie. Elle vient d’être inscrite sur la liste des médicaments remboursés en France.

Le cancer de la prostate est en France la troisième cause de décès par cancer chez les hommes. On comptabilise 50 000 nouveaux cas par an. 10 % à 20 % des patients auront une maladie résistante à la castration dans les cinq ans après le diagnostic.

Le cancer de la prostate métastatique résistant à la castration (CPRCm) désigne une forme avancée qui continue de progresser malgré des traitements visant à bloquer la production de testostérone, une hormone qui favorise la croissance des cellules cancéreuses. Ce stade de cancer est malheureusement de mauvais pronostic, avec une mortalité importante et rapide. En général, la survie globale moyenne est de 16 à 18 mois. 

Une meilleure survie dans le cancer de la prostate métastatique résistant à la castration 

Mais la recherche progresse. Lors du congrès de l’American Society of Clinical Oncology Genitourinary (ASCO-GU), qui s’est tenu mi-février à San Francisco (13-15 février 2025, Californie, Etats-Unis) un essai clinique de phase III, TALAPRO-2 a été présenté. Celui-ci a montré que l’association de la nouvelle thérapie ciblée talazoparib – déjà utilisée dans certains cancers du sein – avec l’enzalutamide (un inhibiteur du signal du récepteur aux androgènes, une référence déjà utilisée en pratique clinique) prolonge la médiane de survie globale de près de 9 mois chez l’ensemble des patients ayant un CPRCm. Cette médiane de survie globale atteint même 14 mois chez ceux porteurs d’une mutation HRR (par rapport à l’emploi de l’enzalutamide seul).

Le talazoparib est une thérapie ciblée qui agit en inhibant une enzyme essentielle à la réparation des dommages de l’ADN (la poly(ADP-ribose) polymérase, appelée PARP). En bloquant cette enzyme, il perturbe les mécanismes de réparation de l’ADN dans les cellules cancéreuses. Incapables de corriger ces altérations, ces cellules accumulent des dommages irréparables, ce qui freine leur prolifération et entraîne leur destruction.

Un risque de décès réduit de 20 à près de 40 % à 4 ans

Précisément, après un suivi médian de plus de quatre ans (52,5 mois), la médiane de survie globale dans la cohorte 1 (patients avec ou sans mutation HRR) atteint 45,8 mois avec l’association talazoparib-enzalutamide, contre 37 mois avec l’enzalutamide et un placebo, soit une réduction de 20 % du risque de décès. Cette différence correspond à un gain de survie globale de près de 9 mois par rapport au traitement standard (enzalutamide seul).

Dans la cohorte 2, qui regroupe les hommes atteints d’un cancer de la prostate métastatique résistant à la castration et porteurs de mutations HRR, la médiane de survie globale atteint 45,1 mois avec l’association talazoparib-enzalutamide, contre 31,1 mois avec l’enzalutamide et un placebo, après un suivi médian de 44,2 mois. Cela correspond à une réduction de 38 % du risque de décès et à un gain de survie globale de 14 mois par rapport au traitement standard par enzalutamide seul.

« Le cancer de la prostate métastatique résistant à la castration correspond à un stade avancé et souvent plus agressif de la maladie, précise le Pr Karim Fizazi, oncologue médical à l’Institut Gustave Roussy, spécialiste de la prise en charge du cancer de la prostate et coordonnateur de l’étude clinique TALAPRO-2. Dans TALAPRO-2. L’association du talazoparib à l’enzalutamide améliore la survie sans progression tumorale ainsi que la survie globale de ces patients atteints de CPRCm. Il reste à mieux comprendre, sur le plan moléculaire, quels sous-groupes de patients bénéficient le plus de cette association. »

Ce nouveau traitement est désormais disponible en France

La thérapie ciblée talazoparib associée à l’enzalutamide redéfinit les standards de prise en charge du cancer de la prostate métastatique résistant à la castration.

Au vu de ces bons résultats, le talazoparib (nom commercial TALZENNA®) est remboursé en France depuis le 6 février 2025, précisément pour les patients atteints d’un cancer de la prostate métastatique résistant à la castration, lorsque la chimiothérapie n’est pas indiquée.

 

  • Source : Communiqué Pfizer 14 février 2025 TALZENNA® (talazoparib) en association à l’enzalutamide ; A.Yehya & all. Drug resistance in metastatic castration-resistant prostate cancer. Cancer Drug Resist 2022;5:667-90. June 2022

  • Ecrit par : Hélène Joubert - Édité par Emmanuel Ducreuzet

Destination Santé
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