Cancer de l’estomac : une maladie mal connue

29 juin 2016

De mauvais pronostic, la tumeur de l’estomac constitue la troisième cause de mortalité par cancer dans le monde. Cette maladie recèle encore beaucoup de mystères. La science n’y voit pas tout à fait clair dans ses origines. Mais une infection bactérienne fragilisant le microbiome gastrique est largement incriminée. Le point à l’occasion du Cours européen Gastric Cancer : from bench to beside, organisé à Nantes les 17 et 18 juin à Nantes.

Chaque année, un million de patients sont diagnostiqués pour un cancer de l’estomac dans le monde. En dix ans, l’incidence du cancer de l’estomac a été divisée par deux. Mais cette maladie reste classée au 5ème rang dans la liste des cancers les plus fréquents. Elle se caractérise par le développement anormal d’une cellule de la paroi de l’estomac. En se multipliant de façon archaïque, cette cellule dite pariétale donne naissance à une tumeur maligne. Dans 90% des cas, les tumeurs diagnostiquées sont répertoriées dans la classe des adénocarcinomes. Des masses ayant la particularité de se développer dans la muqueuse de l’estomac.

Des origines génétiques, nerveuses ?

Des antécédents familiaux ou une prédisposition génétique augmentent le risque de développer un cancer de l’estomac. Mais seuls 1% à 3 % des cancers gastriques sont héréditaires. Autre hypothèse, l’implication du système nerveux dans la dégénération de cellules saines en cellules tumorales. « Comme l’intestin, l’estomac est innervé, et potentiellement impliqué dans la formation de lésions pré-cancéreuses. En effet, les nerfs sont impliqués dans les mécanismes de contrôle des cellules épithéliales », souligne Michel Neunlist, directeur de recherche à l’Institut des Maladies de l’Appareil Digestif (IMAD) à Nantes (INSERM U913). Et pourraient donc contribuer au développement et à la croissance de la tumeur. D’ailleurs, une étude norvégienne a récemment prouvé l’efficacité de la toxine botulique. En agissant sur le système nerveux, elle aurait entraîné une diminution de la taille d’une tumeur gastrique.

L’influence d’une bactérie

Mais en grande majorité, « le cancer gastrique résulte d’une infection par la bactérie Helicobacter Pylori », complète le Dr Rolando Herrero du Centre International de Recherche contre le Cancer (CIRC) à Lyon.

Comme l’explique le Pr Tamara Matysiak-Budnik, hépato et gastro-entérologue au CHU de Nantes, « la survenue du cancer de l’estomac est le fruit de transformations cellulaires sur plusieurs années ». Au contact de la muqueuse pariétale, cette bactérie pénètre le microbiome et provoque une inflammation des tissus. Progressivement, les taux d’acidité des sécrétions gastriques diminuent. S’en suivent des épisodes de gastrite chronique, de métaplasie intestinale, de dysplasie puis de carcinome traduisant le stade cancer.

« L’incidence des cancers gastriques est particulièrement élevée dans les zones volcaniques mais aussi au Portugal ». Une élévation du risque encore inexpliquée. « Il est possible que l’eau ou les aliments soient vecteurs de la bactérie. Autres données méritant d’être étudiées, les cancers gastriques en Colombie sont très rares : 6 cas pour 100 000 habitants. « Les cancers de l’estomac étaient très fréquents dans les pays asiatiques mais cette incidence recule progressivement, passant de 200 000 nouveaux cas chaque année dans les années 2000 à 50 000 aujourd’hui ». Un déclin également repéré aux Etats-Unis et au Canada.

De l’environnement à l’alimentation

Sur le long terme, une mauvaise alimentation (apports riches en sel, préparations fumées, peu de fruits et de légumes) favorise aussi le risque de cancer gastrique. D’ailleurs, cette maladie est plus fréquemment repérée auprès des populations précaires qui bien souvent consomment beaucoup d’aliments conservés dans le sel. Statistiquement, les pays industrialisés ont des incidences plus faibles de cancers de l’estomac grâce à la réfrigération des aliments ne nécessitant pas d’adjonction de sel. Autre facteur incriminé dans la survenue du cancer gastrique, le tabagisme, notamment dans le développement de tumeur localisée dans la partie haute de l’estomac près de l’œsophage.

Pour en savoir plus sur les stratégies thérapeutiques proposées contre le cancer gastrique, cliquez ici.

  • Source : Cours européen Gastric Cancer : from bench to beside, IMAD & DHU « oncogreffe », CHU de Nantes. European Association for Gastroenterology Endoscopy and Nutrition (Eagen) Postgraduate Course, United European Gastroenterology (UEG), European Helicobacter Microbiota Study Group, organisé à Nantes les 17 et 18 juin à Nantes. Site de l’Institut national du Cancer (INCa), consulté le 17 juin 2016.

  • Ecrit par : Laura Bourgault – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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