Cancer du col : Cervarix fera-t-il décoller la vaccination ?

11 juillet 2008

Avec la récente admission au remboursement de Cervarix un an après celle de son unique concurrent Gardasil, la France dispose désormais des deux vaccins contre le cancer du col de l’utérus.

Elaborés respectivement par les laboratoires GSK et Merck & Co, ils préviennent les infections à papillomavirus humain (HPV) des types 16 et 18 – à l’origine de près de 70% des cancers du col. Quant à Gardasil, il ajoute des valences contre 2 virus à l’origine des verrues génitales.

« L’arrivée de ces deux vaccins est un acquis majeur de santé publique » souligne le Pr Patrice Lopès, du CHU de Nantes. « Or d’après un premier bilan en février 2008, nous enregistrons (seulement) 14% de vaccinées parmi les adolescentes de 14 ans, l’âge à partir duquel le vaccin est remboursé. C’est insuffisant ! Il faudrait vraiment faire des efforts, se mobiliser pour augmenter la couverture vaccinale en France ».

Le prix de la vaccination –145 euros par dose ramenés à 135,59 euros lors de l’accession au remboursement de Gardasil– n’est sans doute pas étranger à cette froideur. Surtout que 3 injections successives sont nécessaires. L’arrivée de Cervarix à 111,82 euros la dose, pèsera peut-être dans la balance. Patrice Lopès pour sa part, insiste également sur la sécurité de ces vaccins. « L’un et l’autre sont élaborés à partir de l’enveloppe reconstituée du virus, sans son ADN. A priori donc il n’y a pas de danger. Le seul effet secondaire constaté est une douleur localisée ressentie à l’injection, comme grand nombre d’autres vaccins d’ailleurs ».

Pas de différence entre les 2 vaccins ?

Les deux vaccins sont-ils parfaitement équivalents ? « La comparaison n’est pas si aisée. En termes d’efficacité clinique en effet, il n’y a aucune différence. Les deux vaccins apportent une efficacité de près de 100% contre les virus de type HPV-16 et HPV-18 », nous explique le Pr Philippe Judlin, de la maternité régionale de Nancy.

En revanche pour ce qui est de la réponse immunitaire, le débat reste ouvert. Alors que Cervarix a prouvé le maintien d’un fort taux d’anticorps plus de 6,5 ans après vaccination, ce n’est pas le cas de son compétiteur. « Il est vrai qu’au bout d’un an le taux d’anticorps descend assez rapidement avec Gardasil. Mais personne ne sait exactement à partir de quel taux les anticorps perdent leur efficacité ». A cela s’ajoute le fait que « les méthodes de dosage et les adjuvants utilisés diffèrent d’un vaccin à l’autre. Il faudra donc attendre plusieurs années avant de disposer d’une traduction pertinente de ces données. Mais à ce jour, aucun argument solide n’établit une distinction nette entre les deux vaccins ».

Le juge ultime sera peut-être le financeur des soins. Une différence de 18 millions sur un budget estimé autour de 100 millions d’euros par an, cela risque de peser…

  • Source : interview du Pr Patrice Lopès, chef du service gynécologie et reproduction au CHU de Nantes, 25 juin 2008 ; interview du Pr Philippe Judlin, chef du service de gynécologie de la maternité régionale de Nancy, 9 juillet 2008

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