Cancer du pancréas : lutter contre les métastases
26 octobre 2020
De mauvais pronostic, la tumeur du pancréas métastase facilement. Des chercheurs de l’Inserm ont trouvé un moyen de lutter contre cette évolution en inhibant une protéine impliquée dans ce phénomène.
Il n’existe pas encore de techniques limitant le risque de métastases chez les patients atteints d’un cancer du pancréas. Mais les scientifiques du Centre de recherche en cancérologie de Toulouse présentent aujourd’hui une un espoir en la matière.
Le point de départ : un traitement aujourd’hui à l’étude aux Etats-Unis, nommé defactinib, qui semble faire ses preuves contre cette tumeur. « Utilisé en association avec d’autres médicaments, il inhibe une protéine qui est surexprimée dans les cellules cancéreuses et participe au développement de la maladie, la protéine FAK (pour focal adhesion kinase) », détaillent les chercheurs.
Selon l’équipe du Pr Christine Jean*, cette molécule pourrait aussi « promouvoir l’apparition de métastases ».
Pour le prouver, les chercheurs ont travaillé à partir d’échantillons de tumeurs de pancréas. Le constat établi : « l’activité de FAK dans ces échantillons était en forte augmentation par rapport à celle mesurée dans des tissus sains ». En outre, « l’association entre le niveau d’activité de FAK dans la tumeur et l’espérance de vie de 140 patients a ensuite été étudiée, révélant que les personnes chez lesquelles FAK était plus fortement activée décédaient plus tôt que les autres. »
Essais probants chez la souris
Dans un second temps, la sur-activation de la protéine FAK chez des souris est venue modifier « la composition et la structure » des cellules cancéreuses. Un mécanisme « facilitant la migration » de ces cellules. Pour finir, « les chercheurs ont voulu évaluer l’impact de la suractivité de FAK sur la progression du cancer ». Comment ? En administrant « à des souris des cellules cancéreuses qui expriment une protéine FAK active ou inactive. Dans le premier groupe, de nombreuses métastases ont été retrouvées dans les poumons des animaux alors qu’elles étaient rarissimes chez les seconds ».
La suractivation de la protéine FAK semble donc favoriser la dissémination de cellules cancéreuses dans le corps et le développement de métastases. « Or, c’est la présence de ces dernières qui augmente et accélère le risque de décès en cas de cancer du pancréas. C’est pourquoi nous avons bon espoir que cibler cette protéine protégera contre l’apparition de métastases. En outre, le niveau d’activation de FAK pourrait même devenir un marqueur de réponse au traitement. Cela méritera d’être évalué », estime Christine Jean.
A noter : très souvent diagnostiqué tardivement, dans la plupart des cas au stade métastatique, le cancer du pancréas « est considéré comme l’un des plus agressifs, avec un taux de survie à cinq ans de moins de 7% », détaillent les chercheurs de l’Inserm.
*unité 1037 Inserm/Université Paul Sabatier, équipe Synthèse et sécrétion protéique en oncogenèse, Centre de recherche en cancérologie de Toulouse