Cancer du poumon rare : sur la piste des… chèvres !
03 octobre 2011
Existe-t-il un lien entre un cancer pulmonaire qui touche généralement certains animaux et une forme similaire qui affecte – dans de rares cas – l’Homme ? C’est la question que se pose une équipe française du CHU de Lyon. Selon ses travaux en effet, l’exposition professionnelle aux chèvres pourrait être liée à une augmentation du risque d’une forme rare d’adénocarcinome pulmonaire : le cancer bronchiolo-alvéolaire !
« Cette maladie affecte principalement les femmes et fait partie des 10% à 15% de cancers pulmonaires qui ne sont pas liés au tabagisme », nous explique le Dr Nicolas Girard, onco-pneumologue au CHU de Lyon. Lors du congrès de la Société européenne des maladies respiratoires (ERS) à Amsterdam (Pays-Bas), il a présenté un travail réalisé auprès de 44 patients souffrant de ce sous-type d’adénocarcinome. Le groupe « contrôle » était constitué de malades atteints d’un cancer du poumon dans sa forme la plus « classique », liée au tabagisme.
Tous ont été interrogés par questionnaire afin de mieux connaître leur environnement. Avec des questions du type : Avez-vous été particulièrement exposé à certains animaux ? Quelle profession exercez-vous ou avez-vous exercé ? Fumez-vous ou avez-vous des antécédents tabagiques… ?
« Pour le groupe ‘adénocarcinome’ qui nous intéresse, nous avons d’abord retrouvé des éléments connus, à savoir que cette affection touchait surtout les femmes et les non-fumeurs », poursuit le Dr Girard. « Mais en plus nous avons constaté une relation avec une exposition aux caprins. Les patients en question étaient principalement des agriculteurs. Même si ce résultat est préliminaire, il nous interroge dans la mesure où ce cancer est rare. »
La piste d’un rétrovirus
L’explication ? « Il ne s’agit pour l’heure que de suggestions » reprend-il. « Avec nos collègues de l’INRA (l’Institut national de la Recherche agronomique, n.d.l.r.) nous avons observé que cette maladie se manifestait généralement chez les ovins. Il s’agit également d’une forme d’adénocarcinome liée semble-t-il à un rétrovirus et sans doute transmissible par voie aérienne ». Elle se manifeste par une toux, un essoufflement, un amaigrissement et un écoulement nasal abondant. Le Dr Girard poursuit : « Touche-t-elle aussi les caprins puis l’Homme ? Nous allons donc explorer cette piste afin de savoir si une exposition professionnelle susceptible d’être liée à cette maladie ».
En conclusion, l’auteur insiste sur le fait que « cette étude met l’accent sur les cancers pulmonaires non liés au tabagisme. Il s’agit également d’un champ d’investigation très important ».
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Source : De notre envoyé spécial au congrès de l’European Respiratory Society, Amsterdam, 24-28 septembre 2011 – Interview du Dr Nicolas Girard, 26 septembre 2011 – INRA, site consulté le 26 septembre 2011