Cancer du poumon : un nouveau traitement à l’essai

12 juin 2012

L’afatinib, une thérapie ciblée appartenant à la classe des inhibiteurs des tyrosines kinases, permettrait aux patients souffrant d’un cancer du poumon de vivre un an sans progression de leur maladie. C’est ce qu’il ressort d’une étude présentée récemment durant le congrès de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO) de Chicago. L’intérêt pour ce résultat est d’autant plus vif que cet allongement de la durée de survie s’accompagne d’une réduction dans la sévérité des manifestations de la maladie. Explications, recueillies à Chicago auprès du Pr Jean-Charles Soria (IGR, Villejuif) et du Pr James Chih-Hsin Yang, auteur principal de l’auteur.

Cette large étude de phase III, menée dans 133 sites répartis sur 25 pays, a comparé l’afatinib à un protocole de chimiothérapie associant le pémétrexed et le cisplatine, en traitement de première ligne. Elle a pris en compte un total de 345 patients souffrant d’un cancer du poumon non à petites cellules, et porteurs de mutations de l’EGFR.

L’afatinib bloque irréversiblement la famille de récepteurs – les récepteurs ErbB – qui favorisent la croissance et la migration des cellules tumorales. Les résultats présentés à l’ASCO sont prometteurs. Chez les patients traités en effet, la survie sans progression de la maladie a été de 11,1 mois, au lieu de 6,9 en moyenne parmi les malades qui avaient reçu la chimiothérapie standard. Soit une réduction du risque d’aggravation de 42%, et une augmentation de 4,2 mois.

Mieux encore peut-être, ces quatre mois supplémentaires ont été obtenus dans le contexte d’un meilleur contrôle des manifestations de la maladie. Les épisodes de dyspnée – difficultés à respirer – et les accès de toux ont été réduits, comme les douleurs thoraciques.

Moins de symptômes, c’est une meilleure qualité de vie

« Ce travail renforce l’idée de systématiquement analyser la tumeur pour vérifier si elle est porteuse d’une mutation génétique. Dans le cas d’une tumeur du poumon dont le gène EFR a muté, il est essentiel de le savoir. Car cela permet de donner au patient le traitement le plus adapté », explique le Pr Jean-Charles Soria, de l’Institut Gustave Roussy de Villejuif. « L’afatinib permet surtout d’améliorer la qualité de vie des patients, et d’obtenir une disparation rapide des symptômes », nous a-t-il confié.

Le Pr James Chih-Hsin Yang, principal auteur de l’étude et directeur du Centre de recherche sur le cancer de Taipei (Taiwan), s’est également réjoui de ces résultats. « Ce traitement pourrait devenir l’une des options thérapeutiques les plus intéressantes dans cette population particulière de patients».

De son côté le fabricant à l’origine de cette molécule – l’Allemand Boehringer Ingelheim – annonçait à Chicago avoir lancé deux nouvelles études visant à comparer l’efficacité de l’afatinib à celle de deux autres thérapies ciblées déjà existantes. Il s’agit de l’erlotinib (également associé à certains traitements de l’hépatite C) et du géfitinib.

Plus de 1,61 million de cas du cancer du poumon sont diagnostiqués chaque année dans le monde. Une fois sur deux la maladie se déclare avant 65 ans, ce qui correspond à peu près à l’âge moyen du diagnostic chez l’homme. Chez la femme en revanche, le diagnostic est posé en moyenne, à 64 ans (chiffres InCA, 2005). Voilà qui explique pourquoi les deux tiers des patients découvrent leur maladie à un stade tardif. Celle-ci représente en France, la première cause de mortalité par cancers avec plus de 28 000 décès recensés en 2011.

Ce cancer est plus souvent observé chez l’homme – surtout à partir de 65 ans – mais sa fréquence chez la femme est en forte augmentation. D’ailleurs jusqu’à 50 ans – pour ce qui concerne les sujets jeunes, donc – l’incidence est voisine dans les deux sexes.

  • Source : de notre envoyé spécial au 48è congrès de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO), Chicago, 1-5 juin 2012 – Interview du Dr Jean-Charles Soria, et du Pr James Yang, Chicago 2 juin 2012

Aller à la barre d’outils