Cancer du sein : prédire les chimiothérapies inutiles

02 octobre 2015

Chute des cheveux, nausées, diarrhées… Les potentiels effets secondaires de la chimiothérapie sont parfois difficiles à vivre. D’autant que ce traitement n’est pas toujours utile. L’Institut Curie a donc décidé de lancer une étude pour évaluer l’intérêt d’un test prédictif dans la décision de traiter par chimiothérapie des femmes opérées d’un cancer du sein à un stade précoce. Une sorte de médecine personnalisée en somme.

Pour prescrire une chimiothérapie, les médecins se basent sur plusieurs critères : taille et grade de la tumeur, envahissement ganglionnaire, âge… Face à une tumeur très agressive, la chimiothérapie est proposée systématiquement. En revanche, dans certains cas, le bénéfice n’est pas établi.

Selon le Dr Délphine Héquet, chirurgienne à l’Institut Curie, « chez certaines patientes des chimiothérapies sont prescrites sans que le bénéfice ne soit clairement avéré et ce malgré les risques de complications ».

Or plusieurs études ont déjà démontré l’intérêt de tests qui permettent de personnaliser les décisions thérapeutiques chez certaines femmes atteintes de cancer du sein à un stade précoce. « Grâce à ces tests, qui évaluent le bénéfice anticipé de la chimiothérapie adjuvante et/ou la probabilité de récidive à distance à dix ans, il est possible d’adapter le traitement de chacune en fonction de la biologie de sa tumeur », explique l’Institut Curie. Une chimiothérapie dite adjuvante est administrée après l’opération chirurgicale, qui a permis d’enlever la tumeur cancéreuse, pour diminuer les risques de récidive.

Un test à grande échelle

L’Institut lance ainsi une étude prospective incluant 200 patientes ménopausées atteintes d’un adénocarcinome mammaire. Toutes ont été opérées, n’ont pas subi d’envahissement ganglionnaire et sont éligibles à une chimiothérapie. En France, 8 centres y participent : Institut Curie (sites Paris et St-Cloud), Hôpital Tenon-AP-HP-Paris, Centre hospitalier Poissy-St Germain, Centre hospitalier René Dubos-Pontoise, Hôpital privé des Peuplier-Paris, Centre Jean Perrin-Clermont-Ferrand, Hôpital privé Clairval-Marseille.

L’étude vise à évaluer l’utilité du test PAM50 -Prosigna – qui évalue l’expression d’un panel de 54 gènes – dans la décision de traiter ou non par chimiothérapie les femmes opérées d’un cancer à un stade précoce.

Des économies à venir ?

Ces examens ne sont ni remboursés, ni recommandés en France pour le moment. Pourtant, s’ils venaient à prouver leur efficacité, ils conduiraient à des économies substantielles. Leur coût est évalué à 2 000 euros… contre près de 15 000 euros pour une chimiothérapie.

  • Source : Institut Curie, 1er octobre 2015

  • Ecrit par : Vincent Roche – Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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