Cancer du sein : un buste en silicone pour apprendre l’autopalpation

21 octobre 2019

A l’occasion d’Octobre rose, focus sur un outil de dépistage qui peut dérouter de prime abord, mais qui, grâce à son réalisme et son aspect ludique, rencontre un certain succès : le buste de palpation en silicone. Les comités départementaux de la Ligue contre le cancer commencent à s’équiper.

 « Quand on parle de ‘rétraction du mamelon’, ça n’évoque rien pour beaucoup de femmes. Même chose quand on parle de ‘peau d’orange’. En revanche, si on voit physiquement ces signes cliniques qui doivent alerter, ça peut parler. » Le Dr Mouhin Jomaa, vice-président du comité de Vendée de la Ligue contre le cancer et médecin dans un service de soins de support en cancérologie, en est convaincu : ce buste, « ce n’est pas un gadget. »

Sur le buste en silicone, cette rétraction du mamelon, cette peau d’orange, les femmes peuvent les voir. Et sentir aussi différentes tumeurs, plus ou moins grosses, plus ou moins profondes. « En tout, il y a huit altérations sur le buste. Les plus évidentes, les femmes les remarquent. Mais les autres, il faut savoir palper », précise Virginie Benmerzouk, responsable du pôle prévention de la Ligue contre le cancer en Vendée. Et c’est tout l’intérêt de cet outil : inciter les femmes à renouer avec cette pratique « qui a été un peu oubliée », regrette le Dr Jomaa. « Peu de femmes connaissent et réalisent correctement l’autopalpation. Or, c’est le seul moyen de dépistage que nous ayons, en dehors de la mammographie », qui n’est réalisée que sous certaines conditions.

L’autopalpation n’est pas une fin en soi

En plaçant le buste en silicone sur leur propre poitrine, les femmes peuvent « avoir la bonne main au bon endroit », poursuit le Dr Jomaa. « L’avoir sur soi, ça permet de décrire la méthode et de donner les bons gestes. Il faut être rigoureuse, palper plus ou moins profondément, toutes les zones, en n’oubliant pas les aisselles. Le buste permet de montrer jusqu’où il faut aller. » Et de faire passer un message qui peut paraître paradoxal : l’autopalpation ne suffit pas.

« L’idée, c’est au contraire que les femmes deviennent actrices de leur santé, et qu’en plus de l’autopalpation régulière, elles fassent régulièrement un examen clinique des seins chez leur gynécologue ou leur médecin traitant », insiste Virginie Benmerzouk. Ce buste en silicone, c’est donc une première approche, en mode ludique, ce qui ne gâche rien : « lorsque nous le présentons au public, on note une vraie plus-value : les gens s’arrêtent, regardent, les femmes le testent … Quand les outils de prévention sont fun, ça dédramatise. »

Acquis il y a un mois par le comité vendéen de la Ligue contre le cancer, le buste de palpation fait désormais partie du panel des outils de sensibilisation. Jusque dans les entreprises : le 28 octobre, dans le cadre d’Octobre rose, il sera présenté aux salariées d’un des trois sites de production locaux de Vuitton. « 95% de femmes, de 45 à 60 ans », précise la responsable du pôle prévention. « Pile notre cœur de cible. »

A noter : Avant 25 ans, un examen clinique des seins doit être pratiqué tous les ans par un médecin généraliste, un gynécologue ou une sage-femme. Puis, le dépistage organisé du cancer du sein est proposé, sur invitation, à toutes les femmes de 50 à 74 ans : il s’agit d’une mammographie, gratuite, tous les deux ans. Un suivi spécifique est mis en œuvre pour les femmes présentant un risque élevé de cancer du sein.

  • Source : Interviews du Dr Mouhin Jomaa, vice-président du comité de Vendée de la Ligue contre le cancer, et de Virginie Benmerzouk, responsable du pôle prévention du comité de Vendée de la Ligue contre le cancer, le 14 octobre 2019

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Vincent Roche

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