Cancer inopérable du foie, un espoir enfin !
05 juin 2007
Avec près de 8 000 morts par an dans notre pays et plus de 600 000 dans le monde, le carcinome hépatocellulaire (CHC) primitif du foie était jusqu’à hier une maladie orpheline. Il n’existait aucun traitement de référence et la survie globale faute de transplantation hépatique – ou plutôt de donneurs !- était limitée à quelques mois.
La bonne nouvelle est tombée hier après-midi au 43ème congrès de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO), à Chicago. L’équipe du Pr Josep Llovet (Barcelona Clinic Liver Cancer, Espagne) en a fait l’annonce au terme d’un travail mené auprès de plus de 600 malades en Amérique du nord et du sud, en Europe, en Australie et en Nouvelle-Zélande.
Il en est ressorti que pour la première fois un médicament, le sorafenib (Nexavar) permettait d’augmenter de 44% la survie globale des malades atteints de CHC. En dépit de son caractère spectaculaire, ce chiffre ne fera pas perdre de vue que même ainsi le pronostic de la maladie reste terrible. La survie globale passe en effet de 7,9 mois à 10,4 mois. Toujours est-il comme l’a indiqué Josep Llovet, qu’ « étant donné l’absence de traitements susceptibles d’améliorer de façon significative la survie des milliers de patients atteints de ce cancer du foie, ces résultats font de Nexavar le traitement de référence dans la prise en charge de première ligne du CHC. »
Réalisé en coopération avec des équipes internationales et coordonné avec la Mount Sinaï School of Medicine de New York, ce travail avait dû être interrompu avant son terme, précisément en raison de la qualité des résultats obtenus. Il n’était plus possible au vu de ces derniers, de priver les malades du groupe témoin ! Ces résultats suscitent naturellement des espoirs considérables… et déjà des émules.
Car ce traitement (2 comprimés deux fois par jour) qui cible à la fois les cellules tumorales et les vaisseaux sanguins liés à l’angiogénèse, présente également un bon profil de tolérance, apporte aux malades une qualité de survie sans commune mesure avec la situation qui prévalait jusque là. Comme nous l’a expliqué à Chicago le Dr Julien Taieb (CHU Pitié Salpétrière de Paris), « d’autres études sont d’ailleurs déjà en cours. Elles permettront de comparer ce traitement à des molécules de la même famille, d’introduction encore plus récente. Il sera également intéressant d’étudier le rôle que pourrait jouer ce médicament après chirurgie, et de l’essayer en combinaison avec d’autres agents de chimiothérapie. »
Les choses pourraient aller vite. Les fabricants du Nexavar –Onyx Pharmaceuticals et BayerHealthCare – ont indiqué préparer les demandes d’extension de son indication au traitement du cancer du foie. Ces démarches ont été entreprises tant auprès de la Food and Drug Administration (FDA) américaine, que des autorités européennes (EMEA).