Cancer : l’arrêt de la grossesse n’est plus inéluctable
21 février 2012
La prise en charge d’un cancer – gynécologique notamment – chez une femme enceinte n’impose plus systématiquement l’interruption de sa grossesse. Une pratique courante pourtant, au début des années 90. Les recommandations de bonnes pratiques ont fortement évolué, comme l’explique le Pr Philippe Morice de l’Institut Gustave Roussy, à Villejuif. Avec son équipe, ce spécialiste de la chirurgie gynécologique vient de publier trois études sur le sujet dans The Lancet.
« Les femmes enceintes n’ont pas davantage de risque d’avoir un cancer que les autres », rassure-t-il d’emblée. L’association cancer/grossesse n’est toutefois pas si rare, puisqu’elle est d’environ un cas pour mille. Les cancers les plus fréquents en cours de grossesse, sont ceux du sein, du col de l’utérus, les cancers hématologiques – ou cancers du sang – et les mélanomes.
Des grossesses très surveillées
Ces dernières années, les stratégies de prise en charge ont fortement évolué. « Il y a moins de vingt ans, l’attitude la plus souvent proposée était d’interrompre la grossesse pour pouvoir ensuite traiter le cancer », poursuit le Pr Morice. « Nous considérions en effet que l’administration d’une chimiothérapie était contre-indiquée pendant la grossesse ». Aujourd’hui, « nous tendons de plus en plus vers une préservation de la grossesse, quand cette stratégie n’impacte pas le pronostic des patientes en ce qui concerne leur cancer ».
A ses yeux, « cette situation de cancer associé à la grossesse ne doit plus être considérée comme une fatalité ». Il tient toutefois à préciser que « ces grossesses exposent à un risque de naissance prématurée, naturelle ou induite, associée à un faible poids de naissance. Elles nécessitent donc un suivi médical très particulier ». Et cela d’autant plus que « les données disponibles sur les effets de l’exposition des foetus ou des nouveau-nés à la chimiothérapie, sont rares. De grandes séries (de patientes) sont attendues, notamment pour évaluer les effets à long-terme de ces traitements ».
Aller plus loin : consultez
– www.cancer-et-grossesse.fr. C’est le site du Centre de Référence des cancers en cours de grossesse. Créé avec le soutien du Collège national de Gynécologie obstétrique, il fonctionne grâce à un financement de l’Institut national du Cancer ;
– www.e-cancer.fr (InCa)