Cancer : la dissémination des métastases dépend du débit sanguin
17 avril 2018
Sebastian Kaulitzki/shutterstock.com
Le mécanisme de formation de cellules cancéreuses recèle encore une part de mystère. Mais peu à peu, des pistes voient le jour. Selon des chercheurs de l’Inserm, l’apparition des métastases dépend de la force du débit sanguin.
« L’apparition de métastases n’est pas liée uniquement aux propriétés intrinsèques des cellules métastatiques, mais aussi aux conditions environnementales », expliquent des scientifiques de l’Inserm*. C’est le cas des pressions mécaniques qui s’exercent comme la force du flux sanguin.
Pour le prouver, les chercheurs ont testé leur expérience in vivo sur un modèle de poisson zèbre. Ce modèle a permis « d’injecter des cellules métastatiques pour observer par microscopie leur devenir dans l’espace et dans le temps. Mais aussi de modifier le flux sanguin en injectant différentes substances qui régulent l’activité cardiaque », décrit le responsable d’équipe Jacky Goetz.
Le débit joue un rôle à trois niveaux :
Lorsqu’il diminue « au niveau des capillaires, des zones fortement ramifiées avec des virages et des bifurcations », les métastases sont elles aussi ralenties. « Un point cohérent avec le fait que, chez les patients, les métastases apparaissent préférentiellement dans des organes présentant un réseau vasculaire très ramifié et complexe comme les poumons, le foie ou encore le cerveau » ;
La force du débit sanguin influe sur le processus de fixation de la métastase à la paroi du vaisseau pour la vasculariser et la traverser. L’adhésion des cellules métastatiques à la paroi dépend de la vitesse de ce flux.
Le débit sanguin conditionne aussi l’expulsion des cellules métastatiques en dehors du système vasculaire. « Si le flux est trop faible, la sortie n’a pas lieu et les métastases ne peuvent se former. »
L’Inserm s’est ensuite associée avec des chercheurs allemands pour étudier l’impact du flux sanguin chez une centaine de patients atteints de différents cancers. Grâce à la tomodensitométrie, ils ont pu réaliser une cartographie « de la force du débit sanguin. Les scientifiques ont alors constaté une corrélation entre la force de celui-ci et la localisation (…) de métastases repérée par IRM. »
Et après ?
A partir de cette découverte, serait-il possible de réduire le risque de métastases en cas de cancer ? « Malheureusement, il serait trop complexe de jouer sur la force du flux sanguin pour limiter ce risque.»
*unité 1109 Inserm/Université de Strasbourg, groupe Tumor Biomechanics, Faculté de médecine, Strasbourg
**cellules situées sur la couche la plus interne des vaisseaux sanguins