Cancer : préserver la fertilité, c’est possible
06 février 2015
En France, la vitrification des ovocytes est autorisée depuis 2011. ©Phovoir
Les traitements contre le cancer peuvent mettre à mal la fertilité. Autorisée par les lois de bioéthique de 2011, la vitrification de leurs ovocytes permet aujourd’hui aux patientes de préserver leur projet de maternité. Un enjeu de première importance techniquement réalisable mais qui nécessite l’investissement des pouvoirs publics, comme le rappelle le professeur Bernard Hédon, gynécologue et président du CNGOF.
« Préserver la continuité et la qualité de vie » est un des axes majeurs du Plan cancer 2014-2019. Cette volonté de prendre en compte toutes les séquelles physiques et psychologiques de la maladie et de ses traitements a pour objectif de permettre aux patients non seulement de guérir mais de vivre comme ils l’entendent. Offrir aux malades jeunes la possibilité de ne pas renoncer à leurs projets d’enfant s’inscrit pleinement dans cette ligne.
« Le cancer peut impacter lourdement la fertilité, soit parce qu’il concerne un organe reproducteur, soit parce qu’il nécessite des séances de chimiothérapie et/ou de radiothérapie », rappelle le Pr Hédon. « La possibilité de congeler leurs spermatozoïdes est offerte aux hommes depuis déjà très longtemps. Pour les femmes, c’était plus compliqué car nous ne maîtrisions pas la technique. C’est maintenant chose faite avec la vitrification des ovocytes. » Cette technique donne de très bons résultats mais elle n’est utilisée en France que depuis peu. Il a en effet fallu attendre la levée du moratoire et les nouvelles lois de bioéthique pour pouvoir y recourir.
Désormais, les équipes doivent systématiquement informer les patientes de cette possibilité. Libre bien entendu à elles de suivre ou non les recommandations de l’oncologue et du spécialiste de la reproduction. Le protocole préalable à la vitrification peut en effet légèrement décaler la mise en place du traitement. « Mais la réaction des patientes est généralement très positive », constate Bernard Hédon.
« Cette mesure leur permet en effet de se projeter dans l’avenir, d’appréhender plus sereinement l’après-cancer. » Seul bémol : les pouvoirs publics doivent maintenant accompagner ces progrès. « Nous maîtrisons la technique, les équipes médicales sont convaincues de l’importance de cet enjeu. Elles ont désormais besoin de moyens humains et financiers pour pouvoir le proposer au plus grand nombre », insiste le Pr Hédon.
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Source : Interview du professeur Bernard Hédon, gynécologue, responsable de la médecine de la reproduction au CHRU de Montpellier, président du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français, le 4 février 2015
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Ecrit par : Aurélia Dubuc – Edité par : Dominique Salomon