Cancer : quelles sont les perspectives de dépistage ?

03 février 2023

En France, trois programmes de dépistage sont organisés pour les personnes éligibles, afin de détecter les premiers signes d’une éventuelle tumeur. Ils concernent le cancer du sein, celui du cancer du col de l’utérus et du cancer colorectal. Grâce à de récentes avancées, le cancer du poumon pourrait bientôt rejoindre la liste.

Sein, col de l’utérus, côlon-rectum. Ces localisations de cancers font l’objet d’un dépistage organisé par les pouvoirs publics, afin de « détecter la présence d’une maladie à un stade précoce chez des personnes a priori en bonne santé et qui ne présentent pas encore de symptômes apparents », détaille la Haute Autorité de Santé (HAS). Ils ciblent spécifiquement des populations considérées comme plus à risque de développer la maladie, à qui des examens sont proposés à intervalle régulier. Objectif : diagnostiquer la maladie le plus tôt possible pour la traiter rapidement ou freiner sa progression.

Il n’est, à ce jour, pas encore possible de dépister tous les types de cancer. Pour envisager un dépistage, un certain nombre de critères sont nécessaires, rappelle la HAS :

– La maladie doit être détectable précocement mais à évolution lente, avec « une période suffisamment longue entre le moment où la maladie est décelable et l’apparition des premiers symptômes, si l’on veut pouvoir mener un dépistage, confirmer le diagnostic et instaurer un traitement efficace » ;

– Un examen de dépistage adapté doit être disponible ;

– Des traitements efficaces doivent pouvoir être rapidement proposés et mis en œuvre ;

– Les personnes les plus à risque de la maladie doivent être facilement identifiables ;

– Le dépistage doit diminuer la mortalité ;

– Le dépistage doit présenter plus d’avantages que d’inconvénients.

Bénéfice/risque

Pour les cancers du sein, du col de l’utérus et colorectal, ces critères sont réunis : voilà pourquoi ils peuvent faire l’objet d’un dépistage organisé. Mais ce n’est pas le cas du cancer de la prostate par exemple : « le bénéfice du dépistage du cancer de la prostate n’est pas clairement démontré : il n’est pas certain que ce dépistage permette d’éviter des décès liés (à cette maladie) », indique l’Assurance-maladie. Il est avéré que ce type de cancer, dont l’évolution est difficile à prévoir, entraîne surdiagnostics et surtraitements.

Et le cancer du poumon ? Responsable de plus de 45 000 nouveaux cas en 2018, il représente la troisième cause de cancers en France et la première cause de mortalité, avec le tabac comme principal responsable dans 8 cas sur 10. Si, à ce jour, ce cancer très fréquent et de mauvais pronostic ne fait pas l’objet d’un dépistage organisé, cela pourrait bientôt changer.

Programme pilote

En février 2022, la Haute Autorité de Santé a en effet recommandé « l’engagement d’un programme pilote » mené par l’Institut national du Cancer (INCa), pour le « dépistage du cancer broncho-pulmonaire par scanner thoracique faible dose sans injection sur une population ayant un risque élevé de ce cancer », soit les fumeurs et anciens fumeurs.

Cet examen, également appelé tomodensitométrie, réduit la « mortalité spécifique » liée à ce cancer souvent diagnostiqué tardivement, selon les données issues de « revues systématiques, avec ou sans méta-analyse, incluant des essais cliniques comparatifs internationaux ». Mais avant de voir le cancer du poumon entrer dans la liste des cancers faisant l’objet d’un dépistage organisé, de nombreux éléments doivent encore être définis, comme les critères d’éligibilité de la population cible ou les modalités du dépistage.

D’autres études sont menées en parallèle pour obtenir les données manquantes, comme l’étude CASCADE initiée par l’APHP, qui cible spécifiquement les fumeuses et ex-fumeuses de 50 à 74 ans. Au total, 2 400 femmes pourront bénéficier d’un dépistage gratuit sur deux ans, à Paris, Béthune, Grenoble ou Rennes.

A savoir : Pour les personnes présentant des facteurs de risque particuliers (antécédents personnels ou familiaux), une surveillance spécifique et individuelle est organisée, le plus souvent à la demande du médecin traitant.

  • Source : Haute Autorité de Santé - Assurance-maladie – INCa – APHP - Janvier 2023

  • Ecrit par : Charlotte David - Edité par : Emmanuel Ducreuzet

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