Dépister le cancer du poumon : bientôt systématique ?

01 février 2022

Après les cancers du sein, du col de l’utérus et celui du côlon, le cancer du poumon pourrait-il faire l’objet d’un dépistage systématisé chez les fumeurs ? C’est ce que propose la Haute Autorité de Santé en recommandant ce 1er février une expérimentation pilote.

Premier facteur de risque de cancer du poumon (80% des cas), premier facteur de risque tous cancers confondus, le tabac est sans conteste un véritable poison. Il est même impliqué dans le survenue de 17 tumeurs distinctes*. A lui seul le cancer du poumon, le plus meurtrier de tous, coûte la vie à 33 000 patients chaque année en France.

Une dangerosité telle que le cancer du poumon aurait toute sa place dans la liste des tumeurs faisant l’objet d’un dépistage organisé ou systématisé. Objectif : diagnostiquer et traiter le plus précocement possible.

Dans cette lignée, la Haute Autorité de Santé (HAS) a aujourd’hui pris la plume pour valider noir sur blanc sa nouvelle recommandation : mener une expérimentation pilote de ce dispositif. Cette réflexion déjà engagée en 2016 n’avait pas donné suite. A cette date, « toutes les conditions pour une mise en œuvre efficace et sûre n’étaient pas réunies », rappelle la HAS. Et aujourd’hui ? « L’analyse des nouvelles données disponibles montre que le dépistage par scanner à faible dose chez les personnes fortement exposées au tabac conduit à une réduction de la mortalité spécifique. »

5 vies sauvées pour 1 000 dépistages

Ce programme piloté par l’Institut national du Cancer (INCa) consistera à proposer un scanner thoracique aux personnes présentant un sur-risque de développer une tumeur du poumon. Les fumeurs, les anciens fumeurs et les personnes exposées au tabagisme passif se trouveraient naturellement en première ligne.

A ce jour, les bénéfices de ce dépistage sont décrits concernant la diminution du taux de décès, « de l’ordre de 5 vies sauvées pour 1 000 personnes dépistées », concernant le cancer du poumon strictement. Mais une attention toute particulière sera prêtée à deux données moins connues : les risques liés au sur-diagnostic de tumeurs bénignes et aux faux-positifs, « générateurs d’anxiété, d’examens complémentaires, de traitements et de risques accrus de complications ». Des points faisant aussi débat au cœur du dépistage organisé du cancer du sein.

20% de survie à 5 ans

Repérer le cancer du poumon le plus tôt possible s’avère plus que pertinent pour une tumeur qui, une fois diagnostiquée (le plus souvent tardivement) n’offre que 20% de taux de survie à 5 ans. Les données publiées prouvent justement que le dépistage systématique permet de diagnostiquer moins de tumeurs pulmonaires ayant déjà atteint le stade IV, caractérisé par la présence de métastases : à ce stade, la survie à 5 ans n’est que de 4%. C’est pourtant le stade auquel sont diagnostiqués entre 40 et 55% des cancers du poumon.

A noter : avant de lancer le programme pilote, il s’agira de définir la population cible et les modalités du dépistage (durée de l’expérimentation, fréquence des examens…).

*vessie, œsophage, estomac, côlon, foie, pancréas, ORL, col de l’utérus…

**à faible dose sans injection, technique d’imagerie aussi appelée tomodensitométrie

 

  • Source : Haute autorité de Santé (HAS), le 1er février 2022

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Édité par : Emmanuel Ducreuzet

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