Cancer : quels impacts sur la sexualité ?

03 février 2023

La prise en charge pour une tumeur peut perturber la vie intime et sexuelle. Faisons le point à l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, organisée ce 4 février.

Le cancer impacte la vie intime, affective et sexuelle. Sujet important en termes de qualité de vie alors que le cancer touche aujourd’hui 1 homme sur 5 et 1 femme sur 6 à l’échelle mondiale.

Stress, traitement, douleur

Différents facteurs entrent en ligne de compte :

« Le stress, les appréhensions et les incertitudes provoqués par l’annonce du cancer et le vécu de la maladie au quotidien, engendrent une baisse de la libido », souligne Sébastien Landry, sexothérapeute spécialisé en cancérologie au Mans, et auteur de l’ouvrage « Cancer et sexualité, si on en parlait ! », ;

– Les modifications corporelles comme « la fonte musculaire, la reconstruction d’un sein, les cicatrices, la perte des cheveux, et leurs répercussions psychologiques, freinent aussi la confiance en soi et la capacité de séduction » ;

« La douleur ou encore la fatigue » éloignent notre propension à nous détendre, à nous faire du bien et à procurer du plaisir à l’autre ;

– Les effets des traitements comme « la chimiothérapie, la radiothérapie ou l’hormonothérapie connues pour diminuer la libido ». Chez l’homme, ces thérapies diminuent le tonus musculaire et l’afflux sanguin au niveau de la verge. « La fonction érectile s’en trouve impactée. » Chez la femme, les séances successives de chimiothérapie abaissent la concentration en oestrogènes, hormones notamment impliquées dans le mécanisme de lubrification vaginale. Les rapports avec pénétration peuvent en conséquence « devenir compliqués et douloureux ».

Soins de support et sexologie

Prendre soin de sa libido n’est pas aussi dérisoire qu’il y paraît. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la santé sexuelle est en effet décrite comme « fondamentale pour la santé et le bien-être général des personnes, des couples ». Alors quelles solutions s’offrent aux patients et à leur conjoint(e)? « Les soins de support constituent un bon soutien au patient et au couple », répond Sébastien Landry. Des séances en sexologie sont ainsi intégrées dans cette prise en charge non médicamenteuse.

Huiles, dilatateurs vaginaux, vacuum

Ces consultations permettent de mettre des mots, seul(e) ou en couple, sur le retentissement du cancer sur la vie sexuelle. « En consultation, je vois autant d’hommes que de femmes », décrit Sébastien Landry. « Beaucoup sont atteints de cancers gynécologiques et urogénitaux », atteignant les organes sexuels (sein, prostate, testicule, vagin, utérus…), dans leur fonctionnement et/ou leur apparence. Ce suivi constitue aussi un bon moyen pour accéder à de l’information sur la vie sexuelle et sur le cancer. « En étant mieux sensibilisés, les patients se sentent moins démunis, davantage préparés aux modifications de leur routine et ont en conséquence une tendance moindre à se dévaloriser », témoigne Sébastien Landry.

Ces séances de sexologie sont accessibles dès l’annonce du diagnostic, et pendant le suivi. Reste que « la plupart de mes patients viennent dans la phase de l’après-cancer, quand l’impact sur leur vie intime est déjà bien installé. Avec la fin des protocoles, ils s’attendent en effet souvent à ce que leur libido redevienne comme avant, mais c’est souvent à ce moment-là que toute la fatigue peut s’exprimer, et l’on voit souvent des émotions enfouies remonter ». Sans compter « l’angoisse de la performance, la peur de reprendre une vie sexuelle mais aussi la crainte de la récidive du cancer » qui occupent largement les esprits « engendrant ainsi des blocages d’ordre sexuel ».

En séances de sexologie, en complément de la parole, des applications concrètes sont données : « des conseils sur la masturbation pour stimuler la fonction sexuelle, l’utilisation d’huiles spécifiques pour faciliter la lubrification, de dilatateurs vaginaux pour les femmes pour aider à la détente des tissus vaginaux, et d’un vacuum* pour les hommes », étaye Sébastien Landry. « L’objectif est de rééduquer la musculature du périnée chez l’homme comme chez la femme. »

*le vacuum est une pompe que l’on pose sur le pénis pour effectuer un vide d’air et augmenter l’afflux sanguin au niveau de la verge

  • Source : Ligue nationale contre le Cancer., site consulté en janvier 2023. Cancer et sexualité, si on en parlait !, Sébastien Landry, La Ligue contre le Cancer, Editions in press, 135 pages, 17,50 euros

  • Ecrit par : Laura Bourgault - Édité par : Emmanuel Ducreuzet

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