Cancer : un vaccin contre la gastro pour booster l’immunothérapie
06 novembre 2019
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L’immunothérapie est une véritable révolution pour les patients atteints par un cancer. Mais cette nouvelle thérapie ne fonctionne pas chez tout le monde, ni dans tous les types de cancers. Des chercheurs de l’Inserm viennent de montrer qu’un vaccin courant pouvait provoquer une puissante réponse immunitaire lorsque l’immunothérapie seule n’est pas efficace.
Depuis quelques années, l’immunothérapie fait office de promesse thérapeutique pour les patients atteints de cancers métastatiques comme le mélanome, le cancer du poumon ou de la vessie. Malheureusement, elle ne fonctionne que dans 10 à 25% des cas. Et elle n’a pas encore fait ses preuves contre tous les cancers.
Alors comment lever la résistance à ce traitement ? Comment booster son efficacité ? Des chercheurs de l’Inserm ont eu l’idée d’utiliser des vaccins pour rendre l’immunothérapie efficace dans des cancers où elle ne l’est pas encore.
Un vaccin déjà disponible dans le commerce
Dans ce travail, les auteurs se sont intéressés à des tumeurs sur lesquelles les immunothérapies existantes comme les anti-PD(L)1 et anti-CTLA4 sont inefficaces. En l’occurrence des tumeurs pédiatriques telles que les neuroblastomes, Ils ont ainsi testé différents vaccins disponibles sur le marché (BCG, Cervarix…) et ont constaté que ceux contre les rotavirus (Rotarix…), responsable des gastroentérites, avaient de fortes propriétés pro-inflammatoires.
Les scientifiques ont alors expérimenté ces vaccins in vivo dans des modèles de neuroblastomes. Résultat : lorsque l’injection était faite directement dans les tumeurs, certaines régressaient jusqu’à disparaître. Lorsqu’ils ont ensuite combiné l’injection vaccinale avec des immunothérapies anti-PD(L)1 ou CTLA4, toutes les tumeurs disparaissaient.
Cet effet « oncolytique » du vaccin, c’est-à-dire sa capacité à infecter et tuer les cellules cancéreuses, n’a pas été uniquement repéré sur des modèles pédiatriques. Il a également été observé in vitro sur plusieurs tumeurs (dont le mélanome, poumon, glioblastome) et in vivo sur des cancers du colon, des carcinomes mammaires et des lymphomes.
Devant ce constat, les auteurs prêchent en faveur « d’un développement de stratégies d’immunisation intra-tumorale pour des cancers réfractaires à l’immunothérapie, en particulier en cancérologie pédiatrique mais aussi chez l’adulte ».
*Centre de Recherche de Cancérologie de Lyon (CRCL – Inserm/CNRS/Université Claude Bernard Lyon1/Centre Léon Bérard), du Centre Léon Bérard, et de Gustave Roussy