Cancers : certains tests de dépistage pas toujours justifiés…

16 février 2004

Mammographie, frottis, dosage du PSA… Nous sommes des centaines de milliers dans le monde, chaque jour, à prendre le chemin d’un laboratoire d’analyses ou d’un centre d’imagerie pour un test ou examen de dépistage de cancer. Est-ce toujours utile ?

Certains y vont allègrement, sans se poser vraiment de question. D’autres plus anxieux, vivent un véritable enfer. Cependant, une telle politique de dépistage de masse est-elle toujours appropriée ? Tous les tests ou examens de dépistage aujourd’hui conseillés ont-ils fait la preuve de leur efficacité ? Non, répond le Pr Malcolm Law, de l’Institut de Médecine Préventive de Wolfson, à Londres. Si la majorité de ces examens sauve des vies, d’autres ne servent à rien.

Le dosage du PSA, parfois recommandé pour le dépistage du cancer de la prostate, est un exemple de test injustifié ” observe-t-il. ” Pour l’heure en effet, il n’a jamais été montré que ce type de dépistage précoce réduisait la mortalité, alors qu’a contrario plusieurs études indiquent qu’il ne la réduit pas. De nombreux hommes en parfaite santé ont fait le test, et se sont vu prescrire un traitement provoquant des effets parfois très indésirables, comme l’incontinence ou l’impuissance “. Une position qui conforte celle des autorités françaises de santé, qui ne reconnaissent toujours pas la valeur diagnostique de ce test. Mais elles recommandent en revanche un toucher rectal annuel, aux fins de dépistage.

En revanche ” poursuit Law, ” le problème est différent pour la mammographie et les frottis cervicaux. Ces deux examens sont fortement recommandés, et à juste titre car ils ont depuis toujours fait la preuve de leur efficacité. Ils réduisent les taux de mortalité par cancers du sein et du col de l’utérus “. Malheureusement, il reste encore beaucoup à faire pour améliorer leur taux de couverture, surtout dans les milieux défavorisés où les femmes sont peu informées.

Que penser enfin des examens d’autopalpations des seins ou des testicules ? ” Largement conseillés, il n’existe pourtant aucune preuve scientifique justifiant leur intérêt “, avertit Malcolm Law. Pire, selon une étude récente l’auto examen de la poitrine ne réduirait pas le taux de mortalité. Mais il augmenterait le nombre de biopsies chirurgicales, générant un surcroît d’anxiété pour les femmes.

  • Source : BMJ, 5 février 2004

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